« Après 30 ans d’AP-HP et de nombreuses missions à l’étranger, désormais c’est en tant que médecin experte de la prévention à l’ARS que je veux tirer la santé vers le haut »

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Questionner Nathalie Parez sur son parcours, son exercice, c’est comme se plonger dans un livre d’aventures… La conversation dure, les anecdotes s’enchaînent… Après l’AP-HP et de nombreuses missions à l’étranger, cette pédiatre de formation et navigatrice hors-pair est médecin experte de la prévention à l’ARS Nouvelle-Aquitaine, et elle y est très épanouie, c’est elle qui le dit.

« Après 30 ans d’AP-HP et de nombreuses missions à l’étranger, désormais c’est en tant que médecin experte de la prévention à l’ARS que je veux tirer la santé vers le haut »

© DR

Avec Nathalie Parez, pas question de sombrer dans la routine et encore moins dans l’immobilisme. Elle n’est pas une médecin comme les autres. Dans sa carrière il y a eu deux phases : d’abord la phase pédiatre, hospitalière pendant 30 ans à l’AP-HP, universitaire, chef de service, spécialiste reconnue pour ses travaux sur la vaccination. Et un jour, « pour des raisons multiples, personnelles, universitaires, professionnelles, j’ai démissionné. En décembre 2012, en 6 mois j’ai quitté tout le système hospitalier. J’ai transmis tous mes dossiers et je suis partie vers un mode de vie différent en grand voyage sur un voilier. »

« Après 30 ans d’AP-HP, j’ai tout quitté pour la Guyane et renouveler la pédiatrie »

Son voyage la voit débarquer en Guyane où son expérience et son expertise sont rudement appréciées pour remonter toute la pédiatrie dans la région. « Je trouve un poste de conseil auprès du centre hospitalier de l’ouest guyanais, pour aider l’établissement à restructurer son département de pédiatrie. J’ai été embauchée sur mon statut de PH, et en même temps j’ai pris la chefferie d’un service de pédiatrie générale que j’ai monté. J’ai participé à la construction d’un nouvel hôpital pour tout ce qui était pédiatrie et tout ce qui était femme-enfant, la néo-nat. J’y suis restée pendant 2 ans, et c’est là que j’ai fait une transition vers la santé publique. Et aussi je continuais à accompagner des étudiants, des internes. J’aime ce compagnonnage et avec mon HDR (Habilitation à Diriger des Recherches), j’ai la légitimité pour le faire au pied levé. »

« J’ai été médecin sans frontières au Tchad, avant ça le Mali, la Thaïlande ou la Polynésie,  »

Puis Nathalie Parez repart voguer vers d’autres horizons : « j’ai fait médecin sans frontières au Tchad lors d’une mission de pédiatrie pour faire face aux épidémies de Malaria et de Palu. J’avais envie de faire de l’humanitaire depuis toujours. Déjà pendant mes études, j’étais partie en mission au Mali et en Thaïlande. Pendant cette période j’ai passé aussi 4 mois en Polynésie pour un contrat. »

Ensuite la pédiatre navigante, choisit de jeter à nouveau son ancre en Guyane, pour son « premier poste en médecine de santé publique à l’ARS à Cayenne. Je connaissais bien le terrain. Je prenais le poste d’un ami qui partait à la retraite, et je connaissais le directeur. Donc c’est par l’humain que je suis entrée officiellement dans une carrière à l’ARS. Mais au bout d’un an et demi, j’ai dû retourner en métropole, suite à des problèmes familiaux et un changement de direction en Guyane. J’avais aussi l’intention de repartir en voyage… »

« Je suis fondamentalement du public, j’aime le service public »

Mais le Covid va venir contrecarrer ses plans. D’abord un confinement de trois mois sur son bateau à la Rochelle, puis quand même une nouvelle mission à l’ARS de Mayotte dans l’océan Indien en janvier 2021, « pour me rendre utile, pour faire face à l’épidémie, parce que je suis fondamentalement quelqu’un du public, j’aime le service public. » « Et j’ai attrapé le Covid Sud-Africain, très violent, et j’ai failli mourir. Puis j’ai fait un Covid long qui m’a empêchée de travailler pendant plus de 6 mois. » 

« Et l’année suivante j’ai envoyé ma candidature à l’ARS Nouvelle Aquitaine. J’ai été recrutée pour devenir médecin départemental en Charente. Je suis arrivée avec mon profil très divers, médecin de terrain, universitaire, gestion de projet… Tout le monde était adorable, très accueillant. Sur le papier le poste c’est : apporter une plus-value médicale dans les dossiers de la délégation. Mais après tout dépend des personnes, il y a mille et une façons d’amener sa plus-value. Il y a aussi des missions régaliennes qui ne peuvent être accomplies que par des médecins, comme donner l’accord pour rentrer une personne sur une liste PHRV (patients à haut risque vital). »

« Ce qui me plait à l’ARS, c’est la diversité extraordinaire des parcours »

 
« L’ARS est un aquarium d’expériences diverses, c’est ce qui me plait, avec une diversité extraordinaire des parcours, chez les médecins comme les administratifs, une richesse, une ouverture d’esprit… On vient de milieux différents et on apporte des couleurs et des expériences différentes. »

Après cette année en tant que médecin conseil en délégation départementale en Charente, Nathalie Parez rejoint le siège de l’ARS Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux. « J’ai une double casquette, médecin du pôle environnement prévention de la santé, et référent régional de la prévention santé sexuelle. Il y a plusieurs aspects dans mes fonctions : le conseil des arbitrages financiers avec un rôle d’analyse pour éclairer la décision, un rôle technique pour accompagner les directions départementales de l’ARS dans la thématique de la santé sexuelle, et l’accompagnement des opérateurs régionaux sur leur projet et leur articulation, l’organisation d’évènementiels, de formations, la création de Mooc… Ce que j’aime dans mon boulot, c’est qu’il y a beaucoup de choses à faire, à organiser, à coordonner, à gérer. »

« J’ai une ambition : tirer la santé vers le haut, l’ARS peut être un levier »

Et même pour cet électron libre de la médecine, travailler dans une structure administrative comme l’ARS ne lui pèse pas. « Comme je le répétais à mon interne, à l’ARS on n’est pas indépendants mais on est très autonomes. Il y a des cadres, des contraintes, des règlements, des instructions qui tombent du ministère, c’est très organisé, très cadré et très vertical. Mais en autonomie on est très libres, on peut être force de proposition, s’organiser comme on le souhaite, et j’aime ça aussi, c’est comme ça que je travaille. »

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/page/agence-regionale-de-sante

Le tête-à-tête médecin-patient en consultation ne lui manque pas, mais alors pas du tout. Car elle le confesse en souriant : « j’ai toujours été très ambitieuse : je veux tirer la santé vers le haut, la qualité des soins c’est toujours ça qui m’a intéressée. L’ARS peut contribuer à élever la santé, c’est un levier, on n’agit pas à l’échelle d’une seule personne lors d’une consultation. On est sur une population. On exerce la médecine, on prend soin des autres, on fait face aux épidémies, on fait de la prévention, de l’éducation, et on essaie de préserver le système de santé. C’est toujours le même mouvement, je suis médecin. »

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