« Après 10 ans d’exercice en France, grâce à mon procès, je suis reconnue par mes pairs, je veux dire aux autres PADHUE de garder espoir et d’être persévérants »

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Une padhue a enfin eu gain de cause au bout de dix ans. Après un refus du CNG, le tribunal lui a accordé le plein exercice. Cette dernière qui a tenu à rester anonyme nous relate son combat.

« Après 10 ans d’exercice en France, grâce à mon procès, je suis reconnue par mes pairs, je veux dire aux autres PADHUE de garder espoir et d’être persévérants »

© IStock 

What’s up doc : Vous avez gagné votre procès contre la décision du CNG, que représente pour vous cette victoire ?

Cela représente pour moi une stabilité. Je suis française. J’habite à Alençon. Pendant toute la période, où toutes nos années d’études ne sont pas reconnues, nous restons dans l’insécurité et c’est dévalorisant. Je suis enfin paisible, sereine et reconnue par mes pairs.

Quel est votre parcours ? Depuis combien de temps exercez-vous en France ?

Cela fait plus d’une dizaine d’année que j’exerce en France. J’ai d’abord fait médecine générale au Burundi. Je suis ensuite venue en France pour étudier la spécialité d’anesthésie-réanimation à Paris VI. À mon arrivée, j’étais inscrite à l’Ordre des médecins au Burundi en médecine générale.  Au début, j’ai travaillé avec un statut équivalent aux internes (FFI), pendant cinq ans. Par la suite, j’ai obtenu un statut de praticien attaché-associé.

Quand avez-vous demandé l’autorisation de plein exercice pour être reconnu praticien à part entière ?

Depuis longtemps, la loi Stock n’existait pas encore, il fallait passer un certain nombre d’épreuves : les épreuves de vérification de connaissances (EVC). Entre temps, je me suis mariée, j’ai eu des problèmes familiaux, mon conjoint est tombé malade, je ne pouvais pas me permettre d’arrêter de travailler. J’ai donc exercé avec un statut précaire.

Il ne faut pas se mentir l’EVC, est un concours face à des praticiens de l’international, il y a plus de 1 000 personnes pour 18 places. Cela peut vite décourager. Quand il y a eu la loi Stock, en 2019, cela a été un soulagement, je correspondais aux critères demandés.

Pour quelle raison votre demande a-t-elle été refusée ?

Pour incompétence pratique et théorique et diplôme non reconnu. Alors que mon diplôme était reconnu dans mon pays. J’étais venue terminer mes études en accord avec le Burundi. J’ai eu une dérogation spéciale pour continuer à exercer en France.

Je pense qu’avec cette loi Stock, il y a eu trop de demandes et que peut-être que certains dossiers sont passés à la trappe.

Vous aviez fait un recours gracieux et une procédure ?

J’ai fait un recours gracieux qui, au bout de deux mois, n’a pas reçu de réponse. J’ai donc engagé une procédure. Elle a été assez rapide, car mon dossier était compréhensible.

Quels sont vos projets ?

Pour le moment, je savoure car c’est un combat de 10 ans. Le métier que je fais est un métier que l’on choisit et que l’on aime. Je suis dans un centre hospitalier où je me plais, avec des collègues que j’apprécie. Je ne me vois pas changer.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/demain-4000-padhue-expulses-des-hopitaux

Et au niveau de votre salaire, quel sera le changement ?

Ce sont des choses qui vont venir. J’attends de voir ce que l’on va me proposer.

Que diriez-vous aux autres PADHUE ?

C’est dur de ne pas être reconnus pour ce que nous sommes. Le milieu hospitalier est très dur. Nous allons prendre en charge des gens qui ont besoin de nous, dont nous sommes les seuls secours. Nous travaillons 24h sur 24. Un médecin ne compte pas ses heures.  Il faut garder espoir et être persévérant.

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