2 000 médecins menacés de licenciement, les PADHUE manifestent à Paris

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Une centaine de médecins, diplômés à l'étranger mais praticiens en France depuis parfois des années, ont manifesté hier devant le ministère de la Santé face au risque d'un "licenciement massif" car leur statut administratif, précaire, n'existe plus depuis le 1er janvier.

2 000 médecins menacés de licenciement, les PADHUE manifestent à Paris

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"Hier applaudis, aujourd'hui expulsés !" ou "Médecins étrangers, médecins oubliés! " Tels sont les slogans que l'on pouvait entendre jeudi sous les fenêtres du ministère ; les praticiens ayant répondu à l’appel de syndicats dont la CGT et FO, ou les spécialisés SNPADHUE et IPADECC.

"On a aujourd'hui quelque 2 000 médecins, indispensables dans les services, mis en première ligne pendant l'épidémie de Covid-19, mais à qui on vient dire « on ne peut plus vous garder » ",résume auprès de l'AFP Halim Bensaidi, représentant de l'IPADECC. "Pour eux comme pour l'hôpital, c'est une catastrophe". Une partie se retrouve même sans-papiers.

Depuis plus de vingt ans, la désertification médicale a conduit de nombreux établissements de santé à recruter des médecins diplômés en dehors de l'Union européenne. Très mal rémunérés et précaires, ils pouvaient espérer obtenir une "autorisation de plein exercice" après une procédure complexe de plusieurs années.

"Avec 13,75 de moyenne, j'ai échoué" aux EVC

Les PADHUE doivent en principe passer un concours sélectif, appelé "épreuves de vérification des connaissances" (EVC), puis suivre un parcours de consolidation de compétences de deux ans à l'hôpital, avant de voir leur dossier examiné en commission.

Mais un régime dérogatoire a longtemps existé, permettant aux hôpitaux de recruter des non-lauréats sous divers statuts très précaires, rémunérés entre 1 500 et 2 200 euros net par mois.

Ce régime temporaire, plusieurs fois prolongé, s'est définitivement éteint au 31 décembre 2023. Impossible aujourd'hui de renouveler leurs contrats.

Ils devaient tous réussir les EVC cette année pour continuer à exercer. "Sauf qu'avec 10 000 candidats au concours - dont une partie inscrits depuis l'étranger - pour 2 700 postes ouverts, c'est impossible", déplore Halim Bensaidi.

"Avec 13,75 de moyenne, j'ai échoué", témoigne Cellou (prénom modifié), Guinéen de 35 ans et néphrologue à Laon (Aisne), en France depuis 2019. "Ma carte de séjour est périmée. Mon chef aimerait me garder, mais ne peut rien faire", s'émeut-il, craignant de recevoir une OQTF (obligation de quitter le territoire).

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/padhue-jai-limpression-detre-dans-un-pays-sovietique-me-paye-en-lettres-de-recommandation

Lors de sa conférence de presse mardi, Emmanuel Macron a promis de "régulariser nombre de médecins" étrangers, sans préciser comment et sous quelle échéance.

"Il y a urgence", plaide Olivier Varnet, pour Force Ouvrière. "On veut leur maintien en poste, et un nouveau cadre réglementaire avec un statut digne, pérenne".

Avec AFP

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