Trop d'étudiants, pas assez de contrôle… l'ostéopathie dans le viseur de l'Igas

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C'est un rapport au vitriol qu'a publié l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la pratique de l'ostéopathie en France. Plusieurs pistes sont proposées pour réformer aussi bien les études que la pratique.

Trop d'étudiants, pas assez de contrôle… l'ostéopathie dans le viseur de l'Igas

© IStock

L'ostéopathie est la « médecine alternative » préférée des Français. Pourtant, peu de gens savent qu'il n'est pas nécessaire d'être un professionnel de santé pour devenir ostéopathe. Une formation de cinq ans dans une école agréée par l'État suffit à recueillir le sésame, au désespoir des inspecteurs de l'Igas, comme ils l'expliquent dans un rapport publié le 24 mai dernier, où ils se montrent, plus généralement, assez critiques vis-à-vis de l'ostéopathie.

Des étudiants pas assez encadrés

L'un des points importants sur lequel reviennent les inspecteurs concerne les écoles de formation à l'ostéopathie qui rencontrent des difficultés à « valider certains critères pourtant essentiels touchant à la pédagogie et au niveau des compétences professionnelles acquises lors des pratiques cliniques ».

En effet, les étudiants doivent par exemple réaliser 150 consultations complètes durant la leur formation afin qu'un établissement puisse obtenir son agrément, celui-ci étant délivré par la commission consultative nationale d'agrément. De même, un certain nombre d'heures minimal pour des matières fondamentales doit être rempli, tout comme le recours à des enseignants ayant a minima 5 années d'expérience.

Or, l'Igas pointe que de nombreuses écoles ne remplissent pas ces conditions, mais, faute de contrôle, leur agrément n'est pas retiré. Celui-ci est d'ailleurs délivré sur simple déclaration. L'Igas exigeait déjà, dans un rapport paru en 2010, l'organisation de visites au sein des écoles.

Toujours concernant la formation, les inspecteurs font aussi remarquer que les étudiants sont « trop nombreux », avec 50 % des jeunes praticiens gagnant moins que le salaire minimum et un tiers se réorientant vers un autre métier après cinq ans de pratique à peine.

Des gestes mal connus

Un des autres éléments importants ressortant de ce rapport est que de nombreux étudiants ignorent les gestes à éviter. En effet, tout comme pour la chiropraxie, l'ostéopathie peut réaliser certaines manipulations, notamment du crâne, ou de la face, qui ne peuvent — en théorie — être réalisées qu'après un diagnostic établi par un médecin attestant l'absence de toute contre-indication. Cependant, pour les auteurs du rapport, « il ressort des auditions et des visites menées par la mission que ces référentiels ne sont pas toujours respectés, voire ne sont pas connus de certains étudiants et professionnels en exercice ».

De même, les inspecteurs s'inquiètent concernant les « dérives possibles au sein de certaines écoles aux enseignements doctrinaires, excluant la collaboration avec les autres professionnels ». Des situations qui pourraient engendrer des blessures ou des accidents chez les patients. L'Igas appelle d'ailleurs à la mise en place d'un registre des accidents graves survenus à la suite de manipulations réalisées par un ostéopathe ou un chiropraticien. Les inspecteurs souhaitent également la création d'une commission nationale en charge de décrire et d'évaluer les pratiques des ostéopathes et des chiropraticiens.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/osteopathie-grand-menage-parmi-les-ecoles

Enfin, l'Igas souligne que l'efficacité de l'ostéopathie n'a jamais été démontrée et que « plusieurs universitaires alertent sur les dangers potentiels de ces activités non contrôlées ». Les inspecteurs considèrent, pour conclure, qu'il est « primordial que l'exercice de ces professionnels puisse faire l'objet de recherches scientifiques visant à mieux connaître et évaluer la pratique ».

Raphaël Lichten
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