Séisme au Maroc : l’urgence, trouver les survivants parmi les décombres

Article Article

Les secouristes marocains, appuyés par des équipes étrangères, ont redoublé d'efforts encore hier, pour retrouver d'éventuels survivants et fournir l'assistance à des centaines de sans-abris, près de 72 heures après le séisme qui a fait près de 2 900 morts selon un nouveau bilan.

Séisme au Maroc : l’urgence, trouver les survivants parmi les décombres

Dans les décombres du séisme du 8 septembre 2023 au Maroc.

© Captures France 2

Le séisme, le plus meurtrier dans le royaume depuis plus de soixante ans, a dévasté vendredi 8 septembre au soir des villages entiers dans une région située au sud-ouest de Marrakech, faisant 2 862 morts et 2 562 blessés, selon un dernier bilan officiel publié hier le 11 septembre.

L'épicentre de la secousse est situé dans une zone montagneuse du haut-Atlas, où les éboulements ont encore rendu difficile l'accès aux villages sinistrés, comme dans ceux de la commune d'Ighil.

Pour acheminer des vivres aux survivants du séisme dans les petites bourgades enclavées de cette commune, les hélicoptères font des aller-retours.

Une étroite route montagneuse dans cette commune était engorgée toute la journée d’hier, par les voitures acheminant les aides et plusieurs ambulances mais les villages les plus proches de l'épicentre du tremblement de terre restent toujours inaccessibles en raison d’éboulements.

"J'ai parcouru 15 kilomètres à pieds depuis mon village où on a beaucoup de dégâts pour chercher des vivres. Nos enfants n’ont plus rien à manger", confie Lahcen Aït Malik.

Le Maroc a accepté les offres de quatre pays d'envoyer des équipes de recherche et sauvetage : l'Espagne, la Grande-Bretagne, le Qatar et les Emirats arabes unis.

« Dans les zones éloignées et difficiles d’accès comme ici, les blessés sont héliportés »

Des secouristes espagnols étaient présents dans deux localités frappées par le séisme au sud de Marrakech, Talat Nyaqoub et Amizmiz.

A Talat Nyaqoub, douze ambulances, plusieurs dizaines de 4x4 de l'armée et de la gendarmerie étaient déployés.

Non loin, une équipe de 30 pompiers espagnols, un médecin, une infirmière et deux techniciens se coordonnent avec les autorités marocaines pour commencer les fouilles.

"La grande difficulté réside dans les zones éloignées et difficiles d'accès comme ici, mais les blessés sont héliportés", a déclaré la cheffe de l'équipe espagnole, Annika Coll.

"C'est difficile à dire si les chances de trouver des survivants s'amoindrissent car par exemple en Turquie (frappée d'un très violent séisme en février), nous avons réussi à trouver une femme vivante après six jours et demi. Il y a toujours de l'espoir", a-t-elle ajouté. "Il est aussi important de retrouver les corps sans vie car les familles doivent savoir et faire le deuil".

A 70 km plus au nord, une autre équipe de 48 hommes de l'Unité militaire d'urgence espagnole (UME) a établi un camp à l'entrée de petite ville d'Amizmiz depuis dimanche soir.

Dans le village, deux gros camions de l'armée marocaine distribuaient des centaines de couvertures à des habitants qui ont perdu leurs logements.

"Ma mère est morte, sa maison détruite. Mon logement à Amizmiz n'est plus sûr donc on dort dehors sous des tentes avec mes deux enfants de 4 mois et 6 ans", se désole Hafid Ait Lahcen, 32 ans.

"Personne des autorités ne nous a proposé de relogement. On est complètement perdu", déplore ce travailleur du bâtiment.

« Je suis venu pour prêter main forte car personne n’est là pour eux »

Dans plusieurs localités, des membres des forces de sécurité continuent d'aider à creuser des tombes pour les victimes, alors que d'autres installent des tentes jaunes pour les sinistrés.

Dans le village isolé de Imi n'Talat, au sud-ouest de Marrakech, des bénévoles ont travaillé d'arrache-pied dimanche soir pour extraire des corps ensevelis sous les décombres.

"Je suis venu pour prêter main forte car personne n’est là pour eux. On a sorti déjà six corps", explique Yassine Ait Addi, venu d'un village voisin.

Le séisme qui a atteint une magnitude 7 selon le Centre marocain pour la recherche scientifique et technique (6,8 selon le service sismologique américain), est le plus puissant à avoir jamais été mesuré au Maroc.

Il est le plus meurtrier au Maroc depuis celui qui avait détruit Agadir, sur la côte ouest du pays, le 29 février 1960 : entre 12 000 et 15 000 personnes, soit un tiers de la population de la ville, y avaient péri.

Le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, a présidé lundi une réunion consacrée notamment à la reconstruction des logements détruits dans les zones sinistrées.

"Les citoyens qui ont perdu leur logement recevront des indemnités (…) une offre claire sera annoncée prochainement", a-t-il déclaré.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/quand-part-soigner-dans-le-desert-marocain-au-retour-na-moins-envie-de-se-plaindre-des

Selon lui, des solutions sont actuellement à l'étude pour les personnes sans abri.

Avec AFP

Les gros dossiers

+ De gros dossiers