Repenser la prévention primaire : la France à la recherche de solutions efficaces

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La prévention primaire, parent pauvre de notre système de santé ? C'est en tout cas le constat inquiétant dressé par le Pr François Bourdillon, médecin de santé publique et ancien directeur général de Santé Publique France : « 41% des cancers qui surviennent chaque année dans notre pays sont évitables par la prévention ».

Repenser la prévention primaire : la France à la recherche de solutions efficaces

© DR.

Pourtant, comme le rappelle l'expert, la prévention a largement fait ses preuves pour réduire les conséquences néfastes de la maladie, tant en termes de souffrance pour les individus que de coût pour la collectivité, qu'il s'agisse de vaccination, de dépistage précoce, d’éducation à la santé ou encore de lutte contre les addictions. Alors, pourquoi ce parent pauvre de l’arsenal thérapeutique ne bénéficie-t-il toujours pas de l'attention et des ressources nécessaires ?

 

Des freins politiques et économiques

Plusieurs explications sont avancées par le François Bourdillon pour comprendre ce manque criant de moyens en prévention primaire. Tout d'abord, « la temporalité politique est courte, de quelques années, face aux 10-20 ans nécessaires pour voir des résultats en prévention ». Difficile dans ces conditions de considérer les politiques pérennes adaptées dont le retour sur investissement se place souvent à trop long terme.

S'ajoute à cela le peu de lois structurelles mises en place depuis 1991, avec beaucoup d'annonces mais peu d'actes de la part des gouvernements successifs. Sans compter le lobbying efficace de certains acteurs économiques, « puissants opposants aux mesures de prévention » dixit François Bourdillon. Résultat, « le gouvernement n'a pas de politique de santé publique claire par rapport à l'alcool par exemple, sous pression des lobbies ».

 

La France à la traîne en Europe

Lorsqu’on compare la France aux autres pays européens, le constat est sans appel : « Nous ne sommes pas très bons ». Sur le tabagisme par exemple, « de nombreux pays font mieux que nous, notamment dans les pays anglosaxons comme en Angleterre ou en Californie ». Idem pour la politique de lutte contre les dangers de la consommation d’alcool, bien plus volontariste outre-Manche.

Face à ce sombre tableau, François Bourdillon appelle à un véritable sursaut en faveur de la prévention, en commençant par « agir sur le tabac, l'alcool, la pollution de l'air et la nutrition ». Au-delà, il plaide pour « promouvoir une culture de la bonne santé au quotidien », qui passe notamment par « la lutte contre la sédentarité » et par « l’attention à l'environnement ».

 

Le sport sur ordonnance, une piste prometteuse

Parmi les initiatives prometteuses, le professeur salue la possibilité désormais offerte aux médecins de « prescrire de l’activité sportive, en complément des médicaments et même parfois à leur place puisque pouvant être plus efficace  face à certains problèmes de santé ». Une manière concrète pour les praticiens d’intégrer la prévention à leur pratique, approche de plus en plus appréciée de très nombreux patients.

Enfin, François Bourdillon appelle à « communiquer correctement sur la prévention », sans l’instrumentaliser et avec les bonnes priorités. Trop de campagnes se focalisent sur « la valorisation de l'action gouvernementale » au lieu de chercher d’abord à réellement influencer les comportements.

 

Santéclair, un engagement pour la prévention

Face à ce constat sévère mais largement partagé sur les difficultés et limites de notre action publique en matière de prévention, des acteurs privés tentent de proposer des solutions innovantes. C'est le cas de Santéclair, pionnier de l'accompagnement santé en France.

Fort de son expertise de plus de 20 ans aux côtés des assureurs, mutuelles et entreprises, Santéclair a développé une plateforme digitale pour « rendre l'innovation en santé accessible à tous ». Le credo ? « Mieux vaut prévenir que rembourser ! ».

Concrètement, Santéclair propose aux individus comme aux entreprises un dispositif complet d'évaluation et de suivi du bien-être et de la santé perçue. Questionnaire sur les habitudes de vie, bilan de prévention personnalisé, recommandations de professionnels de la santé, coachings sur-mesure... L'approche se veut à la fois globale et individualisée. Et plutôt fun. Comment ça marche ?

  1. La personne évalue ses habitudes de vie et son bien-être physique & mental via 12 thématiques (alimentation, tabac, sommeil, douleurs physiques, etc.).
  2. Elle reçoit une synthèse personnalisée incluant des recos prioritaires.
  3. En fonction de ses priorités, on l’oriente vers des services Santéclair adaptés (coaching nutritionnel, mise en relation avec des coachs certifiés en activité physique adaptée, annuaire de médecines douces, solutions pour prendre soin du bien être mental, etc.), ou vers des services déployés par son entreprise, si elle a décidé de mettre en place une action dans le cadre de priorités communes identifiées au niveau des salariés notamment par rapport aux spécificités des risques liés à l’activité de l’entreprise.

« Aujourd'hui, il est indispensable de s'engager dans la prévention afin d'améliorer la durée comme la qualité de la vie, mais aussi en termes d’optimisation des moyens financiers alloués aux soins », explique le Dr Charlotte Garret, directrice du Lab Innovation Santé chez Santéclair. Et de marteler : « Prendre soin de la santé mentale, au-delà de l’attention exclusive encore trop souvent portée à la seule santé physique, est notamment un pilier essentiel de la prévention ».

 

Les médecins généralistes en première ligne

Les médecins généralistes ont un rôle central à jouer pour intégrer davantage la prévention dans leur pratique. François Bourdillon soulignait ainsi la possibilité nouvelle et prometteuse du sport sur ordonnance. Au-delà, les praticiens de terrain et en particulier les médecins traitants sont idéalement placés pour sensibiliser leurs patients à l'importance d'agir en amont de la survenue d’un problème de santé, et pas seulement en aval. Pour renforcer leur capacité à proposer des moyens concrets d’accompagnement dans la mise en œuvre des besoins en matière de prévention en santé, les médecins peuvent s'appuyer sur les services dont disposent de plus en plus souvent leurs patients via leur complémentaire santé en particulier. Les contrats de complémentaire santé intégrant les services Santéclair proposent ainsi des parcours pour orienter les personnes dans leur parcours de soins et le faciliter, ceci dès l’amont du soin et donc aussi en matière de prévention avec entre autres des services de coaching (tabac, nutrition, pratique d’une activité physique adaptée…). L’objectif n'est en aucun cas de se substituer au médecin mais bien de renforcer le dialogue et les moyens d’agir autour des enjeux de prévention.

 

Et l’avenir, alors ? Local, local, local.

Dans un article récent des Tribunes de la santé, François Bourdillon et André Grimaldi, diabétologue, qui sont également coordinateurs du Collectif de professionnels et de patients pour la refondation du système de santé (CPPRS) présentent leur vision pour l'avenir de l'organisation territoriale du système de santé français. Ils mettent en avant le rôle croissant des collectivités territoriales (villes, régions) dans l'organisation de l'accès aux soins et de la prévention et préconisent de leur donner une véritable compétence santé.

Au niveau régional, les régions pourraient, par exemple, se voir confier les capacités d’observation épidémiologique, en fusionnant les actuels observatoires régionaux de santé avec les cellules d’investigation de Santé Publique France.
Au niveau départemental, les départements pourraient se voir transférer l’ensemble de la médecine préventive (PMI, santé scolaire...). Cela permettrait de construire un véritable service de santé de l’enfant et de l’adolescent.

De même, les communes et communautés d’agglomération joueraient un rôle formalisé dans l’accès aux soins (financement de MSP...) et en santé environnementale.

Les deux auteurs insistent aussi sur le rôle des associations, dans une logique de démocratie sanitaire et de santé communautaire. Les associations de patients ont un rôle d’information et de partage d’expériences. La médiation en santé assurée par des associations est vue comme un vecteur d’organisation territoriale.

Enfin, ils évoquent le rôle de certaines initiatives privées, comme les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), qui doivent pouvoir accompagner des projets locaux.

La gouvernance territoriale de la santé doit donc être repensée, avec plus d’autonomie et de responsabilités pour les acteurs publics et associatifs au plus près des territoires. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/video/5-outils-numeriques-qui-facilitent-lexercice-des-medecins-en-accompagnant-les-patients-dans

Alors certes, on est encore loin du compte en France en matière de politiques de prévention primaire. Mais des initiatives émergent pour développer cette approche de l’attention à porter à la santé de chacun et les idées ne manquent pas. À nous soignants de nous saisir de ces outils innovants qui pourraient faire la différence pour, enfin, donner corps au sursaut politique bien identifié dans les discours ! Si, si, on y croit.

- Un article préventif pour Santéclair

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