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Les chiffres bougent peu depuis quatre ans. Discrimination, ambition en berne, insatisfaction et harcèlement sont le lot quotidien des femmes médecins.
Au cours de leur carrière, 82% des femmes se sont senties discriminées du fait de leur sexe, soit plus de 8 sur 10. Un chiffre fort où l’internat reste la période la plus difficile.
Plus de la moitié des femmes considèrent que les hommes sont davantage sollicités dans les activités de représentation. Elles pensent qu’à travail égal les hommes sont plus valorisés, 22% des hommes sont d’accord avec elle.
55% des femmes se sont vues déclarer que maternité́ et vie de famille les empêcheront d’évoluer vers des postes à responsabilités et 34 % déclarent avoir reçu des commentaires désobligeants sur leur capacité en termes de résistance physique, abnégation, rigueur… en comparaison avec les hommes.
Du coup, les femmes s’autocensurent : seules 36 % des femmes souhaiteraient se voir proposer un poste avec plus de responsabilités, contre 43% des hommes. À noter que l’ambition fait de plus en plus, défaut aux médecins en général, 61% des hospitaliers ne souhaitent pas se voir proposer un poste avec davantage de responsabilités. Un indicateur en augmentation de 10 points par rapport aux années précédentes.
30% d’entre elles déclarent avoir subi des gestes inappropriés à connotation sexuelle ou des attouchements sans leur consentement
Mais pourquoi les femmes ne souhaitent pas accéder à des postes à responsabilités ? La fatigue, le stress et le manque de temps pour leur vie de famille sans parler du manque de reconnaissance salariale qui fait l’unanimité (54%). Mais elles sont quand même 16% à déclarer s’être vues refuser un poste à responsabilités parce qu’elles étaient femmes. Les principales raisons invoquées tournent encore et toujours autour de la maternité́ : le fait d’avoir des contraintes familiales, des enfants à charge (36%) ou le risque de tomber enceinte et d’être moins disponible pour le poste (32%) et dans un cas sur cinq c’est en raison du manque d’expérience, de compétence (19%). Et pour une femme sur quatre, il n’y a tout simplement pas eu d’explication au refus.
Globalement, le ras le bol hospitalier concerne plus de la moitié des médecins (55%) qui songent de plus en plus à se lancer dans une carrière libérale ou même se réorienter. Une tentation qui touche toujours plus les femmes (60%), notamment celles âgées de moins de 45 ans (72%), qui semblent s’interroger de plus en plus tôt sur leurs choix de carrière.
La grosse mauvaise nouvelle de ce baromètre : les propos ou gestes inappropriés, les agressions sexuelles restent à des niveaux élevés. En 2023, elles sont encore huit sur dix à déclarer avoir été victimes de comportements sexistes (78%). Reviennent souvent des remarques du type « Tu devrais te maquiller plus souvent. Mets-toi une robe ou une jupe ». La moitié sont victimes de questions intrusives et répétées sur leur vie sexuelle et privée. 30% d’entre elles déclarent avoir subi des gestes inappropriés à connotation sexuelle ou des attouchements sans leur consentement. 20% d’entre elles ont subi des pressions répétées pour obtenir des faveurs sexuelles. 17% d’entre elles ont même subi des situations d’agressions sexuelles.
Donner des Elles, constate que le milieu hospitalier est encore très marqué par les stéréotypes et le patriarcat, cela se traduit par une banalisation de ces faits, que beaucoup ont encore tendance à minimiser. « Les femmes banalisent ces comportements et moins d’un tiers des femmes qui ont vécu ce type de comportements disent en avoir parlé au sein de l’hôpital (28%) » explique Brigitte Cressy membre de Donner des Elles. Et pire encore, près de 2 femmes médecins sur 5 n’ont pas osé en parler du tout.
La bonne nouvelle est que le changement est possible ! En quatre ans, Donner des Elles, a accompagné plus de soixante établissements hospitaliers dans la démarche égalité. Le meilleur reste donc à venir.