La méthode d'évaluation de la HAS signe la fin de l’homéopathie ?

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La Haute autorité de santé (HAS), saisie par le ministère de la Santé pour évaluer le bien-fondé du remboursement des médicaments homéopathiques, a dévoilé leurs modalités d’évaluation. Difficile d’imaginer les labos s’en sortir.
 

La méthode d'évaluation de la HAS signe la fin de l’homéopathie ?

Depuis la tribune des anti-Fakemed, le gouvernement s’est saisi du problème du remboursement des médicaments homéopathiques. C’était l’occase de faire quelques économies de dépenses de santé. Agnès Buzyn y va tout de même en marchant sur des œufs. Elle a saisi la HAS afin que celle-ci valide (ou non) un déremboursement visiblement souhaité.
 
Après la parution le 17 mars dernier d’un décret, elle a exposé les modalités de travail de sa commission de la transparence sur ce dossier. Cette « instance collégiale qui regroupe cliniciens et membres d’associations de patients et d’usagers » évaluera les « 1200 médicaments (souches) qui n’ont ni autorisation de mise sur le marché (AMM) ni indication précise », explique la HAS dans un communiqué.

Études internationales VS placebo

« Les médicaments homéopathiques seront ainsi évalués en prenant en compte leur efficacité et leurs effets indésirables, leur place dans la stratégie thérapeutique (notamment au regard des autres traitements disponibles), la gravité des affections auxquelles ils sont destinés et leur intérêt pour la santé publique », poursuit-elle. Il est possible d’imaginer, à ce stade, que face au manque d’effets indésirables, dans un cadre d’absence d’alternative thérapeutique par exemple, l’homéopathie aurait encore une chance.
 
L’évaluation s’appuiera sur l’analyse de la littérature internationale (800 études et recos) –aïe –, les données des labos homéopathiques, et sur les données récoltées lors d’un appel à contribution mené en 2018. C’est là que le bât risque de blesser les homéopathes. Car entre 800 études scientifiques – qui montrent souvent une inefficacité VS placebo – et les données des labos, les contributions de patients et d’homéopathes risquent de ne pas compenser le manque de crédibilité des seconds dans la guerre de la science.

Pour l’honneur ?

Et le Syndicat national des médecins homéopathes (SNMHF) français d’anticiper, par sa vice-présidente : « Ce n'est pas possible de les évaluer en les regroupant par classe homogène, cela n'existe pas », conteste le Dr Christine Bertin-Belot. « Ces médicaments ne fonctionnent pas par classe thérapeutique. Dans la pratique, le médicament est prescrit pour un ensemble de symptômes différents et répond à de nombreuses classes thérapeutiques ». Certains, sans doute un peu cyniques, se seraient arrêtés avant « par classe thérapeutique »
 
Les résultats de l’évaluation sont attendus en juin, au plus tôt. Entre le rendu de l’avis, prévu pour mai – vraisemblablement en faveur d’un déremboursement –, le dépôt des observations des labos qui seront formulées en réaction et leur étude en commission, l’échéance a de grandes chances de ne pas être respectée.
 

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