La franchise sur les boîtes de médicaments augmentera à partir de « fin mars » annonce le gouvernement

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La mesure était évoquée depuis des mois mais le gouvernement n'avait pas voulu trancher pendant les débats sur le financement de la Sécurité sociale, arguant qu'il s'agissait d'une mesure réglementaire et non législative.

La franchise sur les boîtes de médicaments augmentera à partir de « fin mars » annonce le gouvernement

© IStock 

Un euro non remboursé sur chaque boîte de médicament. C’est une des solutions du gouvernement face à la dégradation des comptes de la Sécurité sociale. Les assurés sociaux devront payer un peu plus sur leur consommation de soins, au grand dam des associations de patients.

A partir de "fin mars", la franchise sur les boîtes de médicaments et les actes paramédicaux va passer de 50 centimes à 1 euro, selon la feuille de route annoncée par les ministères concernés. Celle sur les transports sanitaires va également être doublée, à 4 euros.

D’ici début juin, les participations forfaitaires sur les consultations et actes médicaux et sur les examens et analyses de biologie médicale vont également être doublées à 2 euros.

Pas applicable aux revenus particulièrement modestes

En revanche, le gouvernement maintient à 50 euros chacun des deux plafonds annuels pour "protéger" notamment les personnes affectées par les pathologie lourdes et ayant besoin de nombreux traitements.

L'exécutif rappelle aussi que les franchises et remboursements forfaitaires ne sont pas applicables "aux mineurs, aux femmes qui bénéficient de l'assurance maternité" et "aux bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire", aux revenus particulièrement modestes.

« Culpabiliser les malades »

La fédération d'associations de patients France Assos Santé et le principal syndicat de médecins généralistes, MG France, ont cependant critiqué ces décisions, redoutant en particulier leur effet pour les personnes les plus précaires.

"Les malades chroniques, les personnes âgées, tous arrivent très vite au plafond" et "y arriveront encore plus vite en doublant la mise" a dénoncé Jean-Christophe Nogrette, le secrétaire général adjoint de MG France.

"Faire payer doublement les gens qui sont malades, ce n'est pas comme cela qu'on responsabilise. On les culpabilise", a de son côté indiqué à l'AFP Gérard Raymond, président de France Assos Santé. "Bien sûr, on craint un renoncement aux soins" chez des personnes précaires selon lui. 

800 millions d’euros d’économie

La mesure devrait offrir 800 millions d'euros d'économie aux caisses de la Sécurité sociale, selon les estimations du gouvernement communiquées à l'automne, lors des débats sur le budget de la Santé 2024. La mesure était évoquée depuis des mois, mais le gouvernement n'avait pas voulu trancher pendant les débats arguant qu'il s'agissait d'une mesure réglementaire et non législative.

Emmanuel Macron a finalement levé l'incertitude la semaine dernière : "Dire qu'on va passer de 0,50 à 1 euro" par boîte de médicaments, "je n'ai pas le sentiment qu'on fait un crime terrible, mais je pense que ça responsabilise et que c'est une bonne mesure", avait estimé le président lors de sa conférence de presse à l'Élysée.

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Pour faire passer la pilule, le gouvernement assure que, d'une manière générale, les Français ont le plus faible "reste à charge", la part de leurs dépenses de santé qui n'est pas couverte par l'Assurance maladie ou par leur complémentaire santé. En 2021, ce reste à charge était de 7% en France, soit le plus faible taux de l'OCDE avec le Luxembourg, selon ses chiffres.

Avec AFP

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