« Je pense que l’application de télé-suivi va devenir la norme pour la surveillance des patients »

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L’Application sêmeia, permet un télé-suivi des patients atteints de pathologie chronique, tout en allégeant leur quotidien. Lionel Couzi, professeur en néphrologie nous explique ce que cette appli a changé dans son exercice.

« Je pense que l’application de télé-suivi va devenir la norme pour la surveillance des patients »

© IStock 

What's up doc : A quoi sert l’appli Sêmeia ?

Lionel Couzi : C’est une application accessible par ordinateur ou téléphone qui permet de compléter le dossier médical des patients. Elle recueille les données biologiques et celles issues de l’examen, indispensables au suivi des transplantés rénaux. Cette application a l’intérêt de permettre un suivi des patients sans qu’ils ne soient vus en téléconsultation. Les laboratoires, grâce à un système d’interopérabilité peuvent directement rentrer les données dans l’application. Les laboratoires envoient les données biologiques de l’examen que le patient a fait. Les données cliniques aussi sont rentrées.  Grâce à un paramétrage et grâce à l’intelligence artificielle, en cas d’anomalie, le praticien est informé et peut appeler le patient pour régler le problème au téléphone ou le voir en consultation.

Si tout va bien, il n’y a pas d’alerte et le patient peut se contenter d’une visite de suivi sans se déplacer à l’hôpital.

Cet outil recentre le médecin sur son métier qui est de gérer des problèmes médicaux

Combien de patients suivez-vous avec cette appli ?

LC. : 120 sur 2000 patients, ce qui est peu. Nous avons démarré le télé-suivi il y a un an seulement. Nous suivons nos patients dans toute l’Aquitaine. Ceux avec lesquels nous avons développé le télé-suivi le sont exclusivement au CHU. Nous savons que cet outil va permettre d’alléger leur suivi sans en altérer la qualité. Nous avons un quart de nos patients en télé-surveillance. 

C’est un outil qui pourra être utilisé par les collègues néphrologues pour épargner des consultations quand il n’y a pas de problème.

Y voyez-vous un vrai gain dans votre pratique ?

LC. : Cet outil recentre le médecin sur son métier qui est de gérer des problèmes médicaux et de se dégager des patients qui ne présentent pas de problème et qui peuvent être gérés automatiquement.

Grâce à cet outil combien de patients arrivez-vous à traiter en plus ?

LC. : Nous ne l’avons pas encore quantifié.

L’appli est-elle payante ou remboursée ?

LC. : Le forfait pour pouvoir communiquer avec le patient est payé par l’assurance maladie. Cela génère une interaction avec le patient, répondre à ses interrogations et donc enrichir le suivi.

Et un autre forfait, aussi financé par l’assurance maladie est versé auprès de Sêmeia pour avoir l’application. Cela fait faire beaucoup d’économie à l’assurance maladie car elle n’a pas besoin de financer le transport des patients.

Tous les médecins de votre service l’utilisent-ils ?

LC. : À des degrés différents mais quasiment tous les médecins l’ont.

Vous étiez enthousiaste vis-à-vis de cet outil ?

LC. : Oui j’étais enthousiaste, je pense que cela va devenir la norme pour la surveillance des patients. Mais on a une étape de transition qui au début ne me permettait pas d’être enthousiaste. Les patients sont dans une relation médecin-malade.  Les néphrologues y sont attachés et les patients aussi. La télésurveillance va venir un peu remettre en cause ce système. C’est cette transition qu’il faut que nous réussissions.

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Voyez-vous quelque chose à améliorer ?

LC. : Il y a certains transferts de bilan biologique qui ne tombent pas encore systématiquement dans l’application. Il y a des aspects informatiques techniques de transfert de bilan qui ne sont pas encore optimaux. Mais globalement elle fonctionne bien.  

Pour le suivi, une IPA ne serait-elle pas capable de s’en charger ?  

LC. : En effet c’est un autre acteur du suivi. Nous avons deux IPA à Bordeaux. Le suivi par une IPA est clairement une plus-value par rapport à la télésurveillance. L’IPA amène des compétences autres, une relation humaine essentielle en médecine. Certains patients ne veulent pas être suivis par un algorithme. Plus on met d’acteurs plus il va falloir gérer les interactions.

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