Deux ans après le scandale Orpea, le secteur des Ephad privés en convalescence

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Un modèle économique fragilisé, des investisseurs frileux, un manque d'attractivité du métier persistant : deux ans après le scandale Orpea, le secteur des Ehpad privés lucratifs n'est, en dépit d'une timide reprise, toujours pas remis.

Deux ans après le scandale Orpea, le secteur des Ephad privés en convalescence

© Midjourney x What's up Doc

"L'activité repart donc on est moins pessimiste" mais "il reste des difficultés en termes de ressources humaines et l'inflation continue de peser", résume auprès de l'AFP Jean-Christophe Amarantinis, président du Synerpa, le principal syndicat des Ehpad privés.

"Les banquiers sont encore sur une image assez négative sur ce type d'établissement, donc c'est difficile de lever des emprunts bancaires et d'être accompagnés par des investisseurs", ajoute-t-il.

En relative bonne santé jusqu'en 2020, les Ehpad privés ont été ébranlés par le Covid-19 puis par le scandale Orpea qui a éclaté en janvier 2022 après la publication du  livre-enquête de Victor Castanet. 

Ces révélations ont entamé la confiance des familles et des résidents, déjà traumatisés par le strict confinement imposé lors du Covid-19.

Encore trop de défiance donc moins d'investissement...

Le modèle économique, qui générait jusque-là de la rentabilité à même de séduire les investisseurs, semble quant à lui avoir atteint ses limites - les recettes ne compensant plus les dépenses qui s'envolent notamment sous l'effet de l'inflation.

Le secteur "est à l'asphyxie", juge Dominique Chave, secrétaire général de l'Union fédérale de la santé privée CGT. "Le scandale Orpea a fait qu'un certain nombre de familles ont retardé l'arrivée des résidents dans les structures".

"Les gens ont peur, il y a une défiance qui persiste", renchérit Fabien Hallet, secrétaire fédéral CFDT santé-sociaux.

Résultat, les fonds de pension et autres actionnaires qui étaient très présents dans le secteur marchand se montrent plus frileux.

...Et des accusations de maltraitance qui s'enchaînent

Fortement ébranlé par le scandale, Orpea est passé en décembre sous le contrôle d'un groupement mené par la Caisse des dépôts, bras financier de l'État, qui doit l'aider à retrouver l'équilibre.

Autre poids lourd du secteur, Clariane (ex-Korian) a annoncé en novembre un plan de refinancement de 1,5 milliard d'euros pour faire face à des difficultés financières et éviter le défaut de paiement dans les prochains mois.

Mais au-delà de la question financière, plusieurs groupes privés ont été visés ces derniers mois par des accusations de négligences ou de maltraitances.

Trois Ehpad du groupe Bridge dans le Haut-Rhin ont été placés sous administration provisoire après des inspections menées par l'ARS et le conseil départemental y a révélé des "dysfonctionnements" mettant "en danger" les résidents.

En Gironde, une enquête a été ouverte pour "violences habituelles sur personne vulnérable", selon le parquet de Bordeaux, après une plainte visant l'établissement du groupe Emera "Douceur de France", à Gradignan.

"Comment est-ce encore possible après Orpea ?", s'indigne Claudette Brialix, présidente de la Fédération nationale des associations de personnes âgées en établissement et de leurs familles. "Ce sont des entreprises qui n'ont comme objectif que le profit", estime-t-elle.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/homicide-involontaire-non-assistance-personne-en-danger-orpea-nen-pas-fini-avec-la-justice

Impossible pour autant "de se passer" du privé lucratif, selon Fabien Hallet. "Il faut bien mettre nos personnes âgées quelque part, et à l'heure actuelle ni l'associatif privé ni le public ne sont en mesure de le faire".

Avec AFP

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