Un chirurgien ortho cubain bientôt renvoyé dans son pays : « Mon grand rêve serait d'exercer en tant que médecin, ici en France »

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Arael Ortiz-Cartier, un médecin de 54 ans, est sous le coup d'une Obligation de quitter le territoire Français (OQTF). Sa demande d'asile a été rejetée. Le Cubain vit à Joigny, dans l’Yonne, depuis 4 ans, et là-bas, tous le soutiennent, l’hôpital lui a même signé une promesse d’embauche.

Un chirurgien ortho cubain bientôt renvoyé dans son pays : « Mon grand rêve serait d'exercer en tant que médecin, ici en France »

Arael Ortiz-Cartier.

© Capture écran France 3

Le rêve brisé d'un médecin cubain à Joigny

Dans l'Yonne, Arael Ortiz-Cartier, un médecin originaire de Cuba, lutte depuis quatre ans pour pouvoir exercer son métier à Joigny. Diplômé en chirurgie orthopédique et en traumatologie, il a reçu une promesse d'embauche de l'hôpital de la commune qui, comme tous établissements en zone sous dense, manque cruellement de personnel. Cependant, la préfecture de l'Yonne a rejeté sa demande d'asile et envisage désormais son expulsion. « Mon grand rêve serait d'exercer en tant que médecin, ici en France, et de m'installer comme spécialiste d'orthopédie et de traumatologie, ou d'utiliser mes compétences dans le domaine du sport », explique-t-il à France 3 Bourgogne-France Comté

Démarches administratives et refus successifs

Arael Ortiz-Cartier est arrivé à Joigny en février 2020 avec un visa touristique de 30 jours. Le gouvernement de Cuba l’avait envoyé en mission en zone de guerre au Yémen et c’est de là qu’il s’est enfuit. En juillet de la même année, il a déposé une demande d'asile qui a été rejetée en mars 2022 par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides. Malgré un appel, le rejet a été confirmé un an plus tard, en mars 2023. Depuis son arrivée, le médecin survit grâce aux Resto du cœur dont il aide à décharger les camions, il est aussi bénévole pour la Croix Rouge.

Un médecin prêt à s'Intégrer

Spécialisé en chirurgie orthopédique, le docteur Ortiz-Cartier souhaite ardemment contribuer au système de santé français. Il est prêt à travailler en tant que brancardier ou aide-soignant pour améliorer sa maîtrise du français et exercer son métier. Malgré son engagement et le soutien de la mairie de Joigny et de plusieurs habitants de la commune, sa situation administrative reste complexe.

Un collectif pour le soutenir

Frédéric Loth, membre du collectif de soutien au médecin, souligne à France Bleu Auxerre, l'absurdité de la situation : « On voit bien combien on manque de médecins, en particulier dans nos zones rurales. Et là, on a un médecin qui est ici. Il a ses diplômes. Il doit améliorer sa maîtrise du français mais il est prêt à faire un boulot de brancardier ou d'aide soignant à l'hôpital pour parfaire sa maîtrise de la langue et entrer dans son métier par la petite porte ! On a l'impression d'une absurdité technocratique ».

Une lettre ouverte et un appel au Préfet

Face à cette situation, un comité de défense a envoyé une lettre ouverte à la préfecture de l'Yonne pour plaider la cause du médecin. Cependant, les autorités ont souligné que les liens familiaux d'Arael Ortiz-Cartier, son épouse et ses trois enfants, restent à Cuba malgré la présence de sa sœur en France. Cette situation a conduit à un refus de régularisation de sa situation. « C’est une grande question que se posent mes amis en France, ils ne comprennent pas pourquoi on ne me donne pas la possibilité de travailler dans le secteur médical qui est en tension », explique-t-il en Espagnol à France Bleu Auxerre.

Dernier espoir

Les espoirs de Arael Ortiz-Cartier et de ses soutiens se tournent désormais vers le préfet de l'Yonne. Malgré les obstacles administratifs, le médecin et ses amis continuent de lutter pour qu'il puisse exercer sa profession en France. Si le médecin est renvoyé à Cuba, il risque d'être emprisonné pour désertion médicale, une issue redoutée par ses proches et ses soutiens.

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