Retour sur l'internat

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Alice a 28 ans, elle est remplacante dans un cabinet de groupe du 19e arrondissement de Paris... Et elle nous livre ses souvenirs d'internat.

Retour sur l'internat

What's up Doc. Quel est ton premier souvenir d’interne ?

Alice Grenier. Ma première garde ! J’étais en premier semestre aux urgences de Nîmes. Les urgences n’étaient pas très bien organisées, je n’ai pas dormi de la nuit. Les chefs avaient disparu, partis faire les transmissions sans nous le dire. Les flics ont amené une patiente, je ne savais pas si je pouvais la faire sortir, tout le monde me hurlait dessus, j’ai fini en pleurant ! Et je suis partie dans un coin en attendant que les chefs reviennent…

WUD. Qu’est-ce que tu as préféré pendant l’internat ?

AG. Les internes et l’ambiance à l’internat. J’étais dans une ville où je connaissais très peu de personnes ; nous étions tous dans le même cas parce qu’il y avait très peu de Montpelliérains. Du coup on était 60 internes en premier semestre, toujours ensemble : c’était une vraie famille !

WUD. Qu’est-ce que tu as détesté ?

AG. L’ambiance aussi… Mais plutôt celle de l’hôpital ! J’avais envie de faire des urgences, et en y passant le premier semestre, j’ai vite compris que ça n’allait pas être possible. Tu as l’impression de faire du mauvais boulot et que quoi que tu fasses, ça ne va pas. Certains chefs restent, alors que tout le monde sait qu’il y a des problèmes avec eux. Et toi tu dois faire avec ça, ce que tu ne trouves pas forcément normal.

WUD. Quel est le patient qui t’a le plus marquée ?

AG. Les parents d’un enfant qui a fait un état de mal épileptique. Ils l’ont amené aux urgences à 5 heures du matin alors qu’il crisait depuis 21 heures la veille. Ils lui avaient donné du Valium, et comme ça ne marchait pas, ils ont prié toute la nuit en attendant sa mort. Ils ont fini par venir aux urgences, mais ne voulaient pas qu’on le perfuse parce qu’ils pensaient qu’on allait l’euthanasier. J’ai mis dix minutes à les convaincre ! J’ai été stupéfaite par l’attitude des parents et la différence de leurs croyances par rapport aux nôtres.

WUD. Quels ont été tes pires horaires ?

AG. Mon pire record c’est 90 heures sur 96 ! Nous étions quatre internes en cardiologie à Sète, donc de garde un jour sur quatre. Sauf que mes trois co-internes faisaient le Desc de médecine d’urgence et sont parties quatre jours à Marseille. Je me suis retrouvée seule dans le service pendant 96 heures, mais j’ai réussi à négocier, avec un interne des urgences, une nuit où je suis partie à minuit et revenue à 6 heures.

WUD. Quels sont tes projets pour la suite ?

AG. Passer ma thèse ! Ça presse ! J’ai réussi à la faire sur un sujet qui m’intéresse : l’obésité infantile dans le 19e, à Paris. Je travaille à la création d’un réseau avec des acteurs parisiens de la nutrition.

WUD. Quel est ton message pour les jeunes internes ?

AG. Ne pas désespérer ! Le groupe Facebook « Les médecins ne sont pas des pigeons » est apparu quand j’étais en première année d’internat. Cela mine un peu le moral, ça ne donne pas envie et je trouve qu’on parle beaucoup des problèmes, c’est dommage. Donc : ne pas désespérer, parce que finalement c’est quand même cool !

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