Premières et dernières fois : Dr Marie-Christine Charansonnet

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Médecin généraliste, addictologue et diplômée en santé publique, le Dr Marie-Christine Charansonnet exerce au bureau de la Prévention et des Dépistages de la ville de Paris en tant que médecin responsable du centre médicosocial de Belleville. Elle consulte également au service Addictions de l’hôpital Paul-Guiraud, dans le CSAPA-clinique liberté.

Premières et dernières fois : Dr Marie-Christine Charansonnet

La première fois…

… que tu as voulu faire médecine ?…

Marie-Christine Charansonnet : Depuis l’enfance le corps humain me passionne. Vers l’âge de 6 ans, j’ai eu une poupée, avec ma trousse de docteur je lui faisais des piqûres. C’était le début d’une vocation !

que tu as examiné un patient ?

MCC : C’était lors de mon premier stage, que j’effectuais dans un service de curiethérapie. Je me suis occupée d’une patiente qui n’était autre que ma professeure de dessin de sixième !

… que tu as eu l’impression d’être utile ?

MCC : ​Je consultais à l’époque dans un cabinet au rez-de-chaussée du centre de santé. J’entends des cris, je sors et vois un père affolé avec son enfant de 2 ans dans les bras, inanimé. Je l’ai pris, l’ai allongé ; après un examen rapide, comme il ne respirait plus, j’ai pratiqué le massage cardiaque, la ventilation. Il a repris connaissance. J’étais si heureuse d’avoir contribué à le sauver, moi qui ai perdu un premier enfant de la mort subite du nourrisson.

La dernière fois…

… que tu as été touchée par la situation d’un patient ?

MCC : Un jeune couple consulte, lui je le connais depuis l’enfance. Ils m’ont choisie comme médecin traitant. Ils m’annoncent que leur bébé de 9 mois a une tumeur et qu’elle va être suivie à Gustave-Roussy. J’ai pris beaucoup sur moi pour leur parler, leur donner confiance en l’avenir. Heureusement, leur enfant est une jolie petite fille maintenant.

… que tu t’es retrouvée impuissante devant une situation

MCC : Je reçois un SDF avec un travailleur social, cachectique, épuisé, il me montre un dossier médico-social. Bénéficiant d’une couverture sociale, vu par plusieurs médecins, dans le déni total de sa situation, il refuse l’hospitalisation. Il est décédé moins d’un mois après. Je n’ai rien pu mettre en place.

… que tu as voulu arrêter ton métier

MCC : Dans un an, je prends ma retraite. Je ne me vois pas ne plus consulter. Je n’ai simplement jamais eu la moindre envie d’arrêter.

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