Patients hors réseaux de soins : la machine à cash des hôpitaux américains

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Une nouvelle ruée vers l’or ?

Patients hors réseaux de soins : la machine à cash des hôpitaux américains

Le « tact et mesure », vous connaissez ? Il semble que ce n’est pas le cas des hôpitaux américains. Un article publié ce mois-ci dans « Health Affairs » montre que certains établissements du pays de l’Oncle Sam fonctionnent selon des principes fort éloignés de notre bon vieux code de déontologie médicale. Cette étude montre qu’alors que le ratio prix facturé / coût réel n’est en moyenne « que » de 3,4 sur le territoire américain, il passe à 10 pour les 50 établissements qui pratiquent les marges les plus élevées.

Oui, vous avez bien lu. Quand une prestation coûte 10 $, ces 50 hôpitaux la facturent 100 $. Avec de telles marges, ce sont les patients non-assurés qui trinquent. Ils sont en effet les seuls à se voir présenter une facture complète. Les autres bénéficient d’un tarif négocié dans le cadre d’un réseau de soins par leur assureur, qui paie beaucoup moins cher.

« Ils s’attendent clairement à ce que quelqu’un paie »

Les hôpitaux « gonflent les prix car ils le peuvent », explique dans le « Washington Post » Gerard Anderson, professeur à la Johns Hopkins School of Public Health et co-auteur de l’étude. « Personne ne leur dit qu’ils ne peuvent pas le faire », ajoute-t-il. En clair, leur ligne de conduite semble être : dans le réseau, tiens-toi à carreau, mais hors du réseau, tu peux y aller franco.

Les établissements incriminés se défendent en expliquant que par des programmes caritatifs, ils aident les patients non-assurés, et que ceux-ci se retrouvent rarement à payer les factures exorbitantes pointées du doigt par les auteurs de « Health Affairs ». Mais « facturer quelque chose 10 fois ce qu’il coûte réellement et accorder un rabais ensuite » n’a économiquement que peu de sens, explique Gerard Anderson. « Ils s’attendent clairement à ce que quelqu’un paie ces prix gonflés », décrypte-t-il.

Une leçon pour les Frenchies

On peut tirer, depuis notre rive de l’Atlantique, au moins un enseignement de cette étude. Alors que les médecins français sont les premiers à dénoncer les réseaux de soins comme attentatoires à leur liberté d’installation et de prescription, l’histoire est en effet plus compliquée que ce qu’on en dit généralement. Le travail publié dans « Health Affairs » montre qu’aux Etats-Unis, patrie des réseaux de soins, les prestataires sont très contraints quand leur patient fait partie d’un réseau… mais ils se lâchent quand ils ont l’opportunité d’agir en dehors.

A méditer, donc…

Source:

Adrien Renaud

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