Les maux et la chose

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Ciné week-end : Mal de Pierres, de N. Garcia (sortie le 19 octobre 2016)

Les maux et la chose

En narrant la destinée d'une jeune femme hystérique dans la Provence des années 50, Nicole Garcia touche juste et renoue avec le classicisme élégant de Place Vendôme...

Dans l'univers formaté et étouffant de la famille de propriétaires terriens dont elle est issue, Gabrielle dérange. Sa quête forcenée d'un amour absolu se confond avec un désir brûlant, d'autant plus provocant qu'il a pour trame de fond la rage d'être prisonnière de sa condition. Refusée par celui auquel elle s'offre, elle acceptera d'être vendue par sa mère. Puis finira par découvrir l'amour fou lors d'une cure thermale en Suisse, auprès d'un jeune soldat dépressif revenu d'Indochine.

Destin fulgurant et romanesque, le film de Nicole Garcia est aussi une description incroyablement juste et convaincante de l'hystérie. Ou comment une jeune femme malmenée par les tourments de son âme et de son corps, saisie de fièvre et de crampes, implorant le Christ en croix de lui faire découvrir « la chose principale » ou de la ramener à lui, va connaître l'enfermement dans une passion amoureuse faussement libératrice, curieusement christique elle aussi, puis l'émancipation dans la prison de son mariage.

Le film, sur lequel plane l'empreinte de Tennessee Williams, doit probablement beaucoup au roman dont il est issu. Mais reconnaissons à Garcia le mérite de ne pas avoir voulu en rajouter. On pourra discuter de l'originalité scénaristique du rebondissement final, mais il a l'avantage indiscutable d'éclairer formidablement la problématique clinique dont il est question. Tout comme la sensation récurrente et étrange de ne jamais être totalement touché, reflet projeté de l'incapacité à laquelle la personnalité histrionique est confrontée...

Et puis, comment ne pas évoquer Marion Cotillard ? De bout en bout magnifique de précision, d'intelligence de jeu, elle se hisse au niveau des plus grandes actrices hollywoodiennes, habitant tour à tour l'immaturité de Baby Doll, l'incandescence de Liz Taylor et, surtout, les fêlures de Natalie Wood. Gabrielle ne serait rien sans elle, et Nicole Garcia a eu l'intelligence de le déceler.

Source:

Guillaume de la Chapelle

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