Le Bronzing : enfin une drogue légalisée et gratuite ?

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32... Ce n'est pas l'indice de protection solaire qu'il vous faut pour vous plonger dans cette revue de la littérature. ce n'est pas non plus la température au-dessus de laquelle on a le droit d'être nu sous sa blouse... C'est tout simplement le nombre d'occurrences pubmed sur la "tanning addiction" (TA).

Le Bronzing : enfin une drogue légalisée et gratuite ?

Ce trouble n'est étudié que depuis récemment (qu'est-ce qu'une petite dizaine d'années, quand Hippocrate (pas le film) nous contemple depuis 2500 ans). Comme la plupart des addictions comportementales, il soulève la question de la norme - et donc de la tolérance - sociale (coucou l'addiction à facebook). What's up doc nous éclaire...

OBJECTIF
Cette obsession pour le Saint Hâle est-elle le nouveau mal du siècle ou un feu de paille psychiatrique qui ira rejoindre la phobie administrative et l'addiction sexuelle au cimetière des éléphants du PS ? Les Point Soleil sont-ils des dealers à chaque coin de rue ? Qui parmi nous est susceptible de devenir tanorexique ? Passons sans plus attendre ces questions sur le grill !

MÉTHODE
Après que l'idée d'une enquête in vivo d’un mois à Miami(2) soit refusée, euh.. évoquée au comité scientifique de la Rédaction, nous avons opté pour une revue de la littérature rigoureuse – et économique –  au frais dans notre trou à rat, euh... laboratoire.

RÉSULTATS ET PHYSIO-PSYCHO-PATHOLOGIE
Tout d’abord, soyons précis. C’est surtout le bronzage en cabine et non la gentille bronzette des terrasses qui est incriminée ici. Donc, ne cédons pas à la panique, on ne vide pas la bouteille de monoï dans les toilettes en se répétant à voix haute « aspirine, aspirine, je veux un teint d’aspirine »(3). Ce sont nos amis dermatologues qui ont eu un nouvel éclair de génie, 60 ans après l’invention des dermocorticoïdes. S’interrogeant devant des patients qui, bien qu'atteints de conséquences parfois désastreuses des cabines à UV (macules, mélanome, la carnation de Donatella Versace)(4), continuaient de fréquenter les marchands de bronzage comme un bizuth la BU. Perte de contrôle, maintien d’un comportement malgré ses répercussions négatives, détresse émotionnelle et anxiété si la couleur désirée n’est pas obtenue et carrément craving pour l'exposition aux UV… N’en jetez plus ! Les addictologues se sont mis sur le coup et 40% des usagers de cabines(5) sont concernés.

« MAIS ALORS, COMMENT ÇA MARCHE CETTE ADDICTION ?! »
Ça pourrait faire un super « C’est Pas Sorcier », mais nul besoin de rappeler Fred ou Jamy : c’est Bibi qui s’y est collé. Suite à l’exposition aux UV, les kératinocytes synthétisent de la pro-opiomelanocortine (POMC)…  qui est ensuite dégradée en une hormone bronzante et un peptide, la β-endorphine(4).
Cette dernière a un effet analgésique et fait qu’on se sent bien « Au Soleil », peut donner envie de s’« exposer encore un peu  plus, Au Soleil » ou encore de « Réchauffer son corps, Au Soleil »(6). Il y a aussi un lien avec les propriétés anti-inflammatoire de l’ACTH et la protéine suppresseur de tumeur p53 mis en évidence dans une étude tordante chez des souris « toutes nues et toutes bronzées »(7) qui deviennent de vraies junkies aux UV(8).
Le portrait-robot du serial bronzeur ? C'est une serial bronzeuse : une femme, jeune, européenne, phototype III/IV (soit brunette), plus anxieuse et plus portée sur la bibine et autres drogues(5). Qui se reconnaît ?…

CONCLUSION
Alors canette de 8,6 et bronzette entre midi et 2, même combat ? À méditer cet été, « Sur la plage abandonnée »(9).

Source:

1. Farooqi H. et al. Effect of Facebook on the life of Medical University students. Int Arch Med. 2013
2. Smith W., Welcome to Miami, 1999.
3. `A chanter sur l’air de « Popstar, Popstar je veux ^etre une Popstar ».
4. Petit A., Karila L. et al. Phenomenology and psychopathology of excessive indoor tanning. Int J Dermatol. 2014.
5. Mosher C.E. et al. Addiction to indoor tanning : relation to anxiety, depression, and substance use. Arch Dermatol. 2010.
6. Jenifer, « Au Soleil », 2002.
7. Dolto J.C. - alias Carlos, « Tout nu, Tout bronzé », 1973.
8. Fell G.L. et al. Skin ß-endorphin mediates addiction to UV light. Cell.
9. Bardot B., « La Madrague », 1963.

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