Chouette surprise en provenance du plat pays, dont l'inventivité est inversement proportionnelle à la prétention. Irrésistible !
Découvrir in extremis une pépite sur laquelle on aurait a priori parié une quantité minime de kopecks fait partie des charmes discrets de la cinéphilie. Se replonger dans la comédie romantique, quand le monde est en vigilance rouge, et en période forcée de Friends revival, est toujours une bonne idée. Il suffisait que le mot "syndrome" attire l'oeil du médecin, et voici le critique embarqué à la découverte de ce concept pas si loufoque que ça, quand on sait la proportion de difficultés de procréation sans cause identifiable.
Cette comédie belge est une succession de séquences coquines, entrecoupée de pastilles chorégraphiées rose kinky, écrite, filmée et montée avec une constante élégance. Du Woody Allen sous acidulé, ou plutôt du Mouret qui aurait troqué sa sophistication au profit d'une fraîcheur emballante, à l'image de ses deux comédiens principaux et de seconds couteaux efficaces - Nora Hamzawi et surtout Florence Loiret-Caille sont épatantes.
On rit, on est émus, on se laisse porter par ces situations improbables et cocasses, et surtout l'on comprend en permanence où les réalisateurs d'Une vie démente souhaitent nous conduire. Ils la font à la fois habilement et simplement, cette démonstration sur la complexité de s'accorder le droit d'être vraiment parent, terme tout sauf biologique. C'est aussi une belle variation sur le couple, dans la continuité des films de Truffaut, auquel les réalisateurs adressent un évident clin d'oeil. Quelle que soit l'époque, la déconstruction de ces rôles et de ces identités si difficiles à conjuguer semble préalable pour en garantir la force.