À corps et applis

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Critique de "Iris et les hommes", de Caroline Vignal (sortie le 3 janvier 2024). Un cabinet dentaire florissant, un mari séduisant, deux filles qu'elle adore : Iris a tout pout être heureuse. Et pourtant, sans entretien du désir, sans sexualité, elle vit à côté de son couple. Pour se retrouver, elle s'inscrit sur une application de rencontres et va rencontrer des hommes... comme s'il en pleuvait.

À corps et applis

Laure Calamy a un talent sans égal pour sublimer ses rôles et les rendre attachants. A l'image de cette Iris pleine de fraîcheur retrouvée. Ce n'est hélas pas suffisant pour sortir de l'ornière le nouveau film de Caroline Vignal, à qui les quartiers chics de Paris réussissent moins que les Cévennes.

A la fois très frais et singulièrement daté, le nouveau film de Caroline Vignal est un paradoxe. Pour rappel, deux décennies s'étaient écoulées entre le premier film de la cinéaste et son carton inattendu, Antoinette dans les Cévennes, déjà avec Laure Calamy. Une des premières différences entre le road-movie à dos d'âne qui avait enchanté le confinement et ce dernier film est que, si dans un cas, Laure Calamy magnifiait un film modeste mais adroitement troussé, dans le cas d'Iris et les hommes elle porte sur ses épaules un projet qui semble avoir été écrit pour elle, uniquement pour elle - et pour réaliser un beau et facile doublé. 

A la sortie du film prédomine le sentiment que la paresse a prévalu lors de sa génèse, son écriture et sa réalisation. Il y a des aspects indéniablement réussis, quelques feux d'artifice notamment musicaux, mais qui demeurent des intermèdes au sein d'une comédie soi-disant moderne, ayant à coeur d'explorer les effets des applis mobiles sur la sexualité et le couple. Mais cela a déjà été écrit et filmé mille fois, et d'une façon beaucoup plus subtile... et moderne justement ! Laure Calamy évolue dans un environnement aseptisé, coupé de tout ce qui pourrait ressembler, même de loin, à la misère du monde, et qui n'est pas sans évoquer les sitcoms des années 80, à la Marc et Sophie. Singulière façon de vouloir être en phase avec son époque, avec également des procédés cheap jusqu'à l'ahurissement - les tchats résumés à de simples sous-titres à l'ancienne, euh comment dire...

Dommage, car tout cela avait du potentiel. Caroline Vignal aime ses personnages, et aime surtout Laure Calamy. Elle a su créer une très belle alchimie entre son actrice fétiche et un acteur un peu sorti des radars, Vincent Elbaz, que l'on prend plaisir à redécouvrir. Mais, curieusement, tous ces "hommes" qui donnent son titre au film et sont censés le pimenter sont croqués et interprétés de façon assez gênante. Quant au scénario, il se fait littéralement la malle au milieu du film. Ce qui aurait été notre cas si ce joli couple de comédie, et le professionnalisme, ne nous avaient pas retenu...

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