« Avec mon interne, nous sommes sur le terrain à l’ARS des Landes pour prendre en charge tout le système de soins, c’est passionnant ! »

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Damien Sainte-Croix et Quentin Chamon sont le médecin et l’interne de la Délégation Départementale de l’ARS Nouvelle-
Aquitaine dans les Landes. Un choix délibéré pour ces professionnels de Santé Publique, d’agir au plus près du terrain, pour traduire les politiques de Santé en actes médicaux. Cet exercice demande, autonomie, flexibilité et débrouillardise. Ça tombe bien, ils n’en manquent pas. Rencontre avec les médecins au chevet des personnels de Santé landais.


 

« Avec mon interne, nous sommes sur le terrain à l’ARS des Landes pour prendre en charge tout le système de soins, c’est passionnant ! »

Damien SaintE-Croix et Quentin Chamon.

© DR.

C’est un duo qui fonctionne bien, très bien même : Damien Sainte Croix et Quentin Chamon, le médecin en Délégation Départementale et son interne en Contrat d’Engagement de Service Public, l’aîné et la relève. « Je suis interne en médecine de Santé Publique en 5e semestre. J’ai toujours été intéressé par les politiques de santé, intervenir sur le système de soins, tout en étant au contact des soignants et de la population. D’où mon choix de venir en Délégation Départementale en ARS. J’ai choisi Mont-de-Marsan pour le cadre, la situation géographique et culturelle du département », explique Quentin Chamon.

Et il forme un binôme médical avec Damien Sainte-Croix, son tuteur, médecin de Santé Publique : « deux grands axes m’ont toujours intéressé : l’organisation du système de santé et la recherche. Et comment l’un, peut alimenter l’autre. Comment la recherche peut nourrir les décisions publiques ? Et comment les décisions publiques peuvent être évaluées et montrer leur efficacité ? » Et c’est ainsi qu’après des stages au Québec puis à la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins) au ministère de la Santé, Damien Sainte-Croix a pris un premier poste de médecin à la HAS à Paris. « Mais rapidement j’ai souhaité partir en région pour voir concrètement comment les politiques que j’avais réfléchies et conçues à Paris prenaient corps sur le territoire et sur le terrain. J’ai eu l’opportunité de postuler à Mont-de-Marsan à l’ARS Nouvelle Aquitaine en tant que conseiller médical à la délégation des Landes d’abord, puis je suis passé directeur adjoint depuis un an et demi, tout en étant chef de pôle protection santé autonomie. »
 

« Médecin en délégation départementale, nous avons une vision transversale : les hôpitaux, les HAD, la médecine libérale, les CPTS, les MSP, les personnes en précarité, le handicap, les personnes âgées et dépendantes »
 

L’exercice est très vaste et les missions multiples : « Nous avons en délégation départementale une vision très transversale de toutes les
responsabilités qu’on peut avoir en ARS : les dispositifs de prise en charge et d’accès au soin pour les personnes en précarité, le
handicap, les personnes âgées et dépendantes, les hôpitaux, les HAD, la médecine libérale avec l’exercice coordonnée, les CPTS, les MSP, la
permanence des soins... »
Et c’est en ça aussi que c’est un terrain de stage d’internat des plus intéressants pour Quentin Chamon. « Médecin conseil dans une délégation départementale en ARS, on ne nous l’enseigne pas dans notre cursus médical où l’on apprend les maladies et comment les soigner. L’organisation du système de soin, les normes, les tarifications, nous n’y sommes pas du tout confrontés. C’est pourtant à l’origine de bien des problèmes. C’est très enrichissant de découvrir ça, de pouvoir agir dessus avec la marge de manœuvre qui est la nôtre. On n’aide plus les patients directement mais les professionnels de Santé dans leur ensemble ».
 

« Nous sommes sur le terrain, on participe au CME des établissements, on discute avec les représentants URPS du territoire, avec le Conseil de l’Ordre... »
 

Damien Sainte-Croix détaille leur mission commune en délégation départementale à l’ARS : « Notre rôle c’est de faire le lien entre le monde médical, les soignants et le monde administratif. Nous sommes des charnières, pour que ces deux mondes se comprennent. Par exemple si un médecin est intéressé par le fait d’intégrer une CPTS. Déjà, il va poser une première question : ‘Qu’est-ce que c’est ?’ Donc soit on répond, soit on oriente vers la personne administrative qui sait répondre de façon très claire. Notre rôle c’est d’être en proximité avec le monde médical. Nous sommes hyper polyvalents, en lien direct avec les élus locaux, le cabinet d’infirmiers d’à côté, sur le terrain en lien avec les acteurs. On a tous ces partenaires là avec qui on doit être en confiance et en proximité pour pouvoir discuter de l’évolution du système de santé. On veut injecter de la logique médicale dans les décisions administratives qui sont prises. Comment influencer positivement les politiques de Santé pour qu’elles aient un sens sur le territoire ? Comment faire comprendre aux médecins que telle décision administrative correspond aux besoins dont ils nous parlent depuis des mois ? »

 

« Nous sommes la passerelle entre le monde administratif et le monde médical, la communication passe mieux de pair à pair »
 

Quentin Chamon abonde dans ce sens : « Oui la communication passe toujours mieux de pair à pair, le travail d’un médecin de santé publique à
l’ARS, c’est de faire la passerelle entre le monde administratif et le monde médical. J’ai toujours voulu pouvoir faire la jonction entre les deux mondes. Et c’est appréciable d’être tutoré par un médecin qui est passé par les même étapes que moi ».

 

D’ailleurs, Damien Sainte-Croix le chapeaute avec bienveillance : « Je fais en sorte qu’il soit en responsabilité. Je le laisse très
autonome sur un maximum de sujets. Il est en prise directe avec les acteurs du territoire, avec les collègues administratifs et du coup il trouve
sa place. Et je suis là s’il a des questions. » 
Car c’est un poste qui nécessite beaucoup d’autonomie : « On a les mains libres et c’est d’ailleurs ce qu’on nous demande, d’avoir des prises d’initiatives, d’être reconnu sur le territoire, qu’on puisse représenter l’état et l’ARS dans la tête de tous les acteurs. Nous avons beaucoup de représentativité, on peut être amenés à faire des discours, des inaugurations, des ouvertures d’Ehpad... Nous sommes sur un poste exposé. »

 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/page/agence-regionale-de-sante


Un poste exposé, donc, qui demande des qualités particulières d’après Quentin Chamon : « un bon médecin en délégation départementale doit
être à l’écoute, savoir synthétiser et être curieux. On ne peut pas être bon si on ne connait pas le territoire dans lequel on est, la culture, les endroits, les relations... »
Mais pas seulement, pour Damien Sainte-Croix, « il faut aussi de la débrouillardise, ne pas hésiter à prendre des initiatives, à agir. Il faut aussi être flexible, savoir s’adapter et avoir le sens des relations publiques. On parle avec des pompiers, un préfet, un élu, un représentant des usagers, un directeur d’hôpital, il faut être passe partout... mais les médecins de Santé Publique cherchent ça, ils sont curieux et aiment découvrir ! »

- Des entretiens organisés sous la bonne veille (pas sanitaire) de l'ARS Nouvelle-Aquitaine

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