Troubles psychosociaux : les anesthésistes s’auto-diagnostiquent

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Troubles psychosociaux : les anesthésistes s’auto-diagnostiquent

Le Collège français des anesthésistes-réanimateurs a créé une commission qui propose un service d’écoute et de prise en charge aux praticiens souffrant de troubles psychosociaux. Celle-ci a mis au point un outil original : des auto-tests pour détecter les situations à risque.


Anxiété, burnout, alcool… Loin d’être une armure, la blouse blanche est perméable au mal-être social. C’est pourquoi dès 2009, la commission Santé des médecins anesthésistes-réanimateurs au travail (Smart) du Collège français des anesthésistes et réanimateurs (CFAR) a mis en place des auto-tests à disposition de la communauté hospitalière. L’objectif : lever le voile sur les malaises physiques ou mentaux qui touchent une partie de la communauté soignante. Une première en France.

« Nous souhaitons que les équipes trouvent sur ce site des solutions concrètes à leurs difficultés » affirme le Dr Max-André Doppia, instigateur du projet et président de la commission Smart. À réaliser seul ou en groupe, ces questionnaires sont accompagnés de fiches pratiques et de diverses ressources documentaires scientifiques. « Toutes les questions sont rédigées par des professionnels de la santé ou des juristes » explique Max-André Doppia. Le système, totalement anonyme et gratuit, a initialement été mis en place pour les anesthésistes-réanimateurs. Mais il s’adresse dorénavant à toutes les spécialités et statuts.

Un système qui oriente

Bien qu’ils n’établissent pas un diagnostic médical, ces outils peuvent révéler un état ou un trouble du comportement. Du harcèlement au workaholisme, onze auto-tests sont aujourd’hui disponibles. Après avoir sélectionné sa spécialité et son profil, le participant est invité à cocher pour chaque proposition l’affirmation la plus en adéquation avec sa situation actuelle. « Vous a-t-on rajouté certaines tâches sans rapport avec votre qualification ? », demande t-on par exemple dans le formulaire consacré au harcèlement. Une fois le test complété, une échelle de mesure indique son score à l’utilisateur et l’oriente vers un professionnel si besoin.

Depuis 2010, 4028 personnes ont réalisé les auto-tests proposés par le CFAR, affirme Max-André Doppia. « Les tests les plus vus sont ceux concernant le burnout, l’anxiété et la somnolence » précise l’anesthésiste. « Ce sont les troubles qui ont le plus d’impact sur la qualité des soins. »

D’autres outils parachèvent le projet comme un réseau addicto mis en œuvre conjointement avec un médecin addictologue, un numéro vert accessible aux praticiens et à leurs proches et un e-chat avec des psychologues.

La France en retard

D’après Max-André Doppia, la France compte un retard certain dans la prévention du personnel soignant. « Dans les facultés et les établissements hospitaliers anglo-saxons, une personne référente est explicitement nommée pour les cas de violence ou de comportements inappropriés » précise-t-il. « Malheureusement, ces thématiques sont encore taboues en France. » C’est pourquoi la commission Smart cherche à promouvoir son service en s’exprimant à la tribune de congrès nationaux et régionaux, comme par exemple lors du congrès CFAR 2016.

Et pour la suite ? Le CFAR envisage d’élargir le nombre d’auto-tests et d’enrichir la documentation du site. Il ambitionne également de partager ses tests avec d’autres pays francophones, notamment avec les médecins du Québec dont ils ont le soutien.

Source:

Im`ene Hamchiche

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