Recherche, enseignement, innovation en santé : le temps d'écrire une nouvelle page pour la France

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La recherche et l’innovation en santé sont, pour la France, des défis majeurs qui interrogent directement sa capacité à peser dans l’économie mondiale de demain.

Recherche, enseignement, innovation en santé : le temps d'écrire une nouvelle page pour la France

Si l’Hexagone est encore un pays scientifique de premier rang, avec des chercheurs de renommée mondiale et un tissu industriel puissant, force est de constater que, dans le même temps, la France perd lentement du terrain et ne parvient pas à s’ériger en leader européen en matière d’innovation.

Symptôme de ce lent recul, aucune entreprise française de taille mondiale n’a vu le jour depuis 40 ans dans le secteur de la santé !

 

Les raisons de cette situation sont connues :

• Un système d’enseignement supérieur inadapté à la nouvelle donne mondiale, avec des universités de taille trop modeste et insuffisamment pluridisciplinaires.

• Une dépense de recherche privée trop faible.

• Une gestion de la recherche complexe, parfois kafkaïenne, qui entrave les coopérations public/ privé et inhibe la recherche par la prégnance du principe de précaution.

• Des liens entre structures académiques et tissu industriel limités et appréhendés avec encore trop de méfiance.

• Une faible intégration des chercheurs dans les entreprises ; souvent, ces derniers doivent exporter leur talent à l’étranger.

 

Demain, la croissance mondiale sera incontestablement alimentée par le secteur de la santé, il y a urgence à agir pour doter la France d’une nouvelle politique de recherche et d’innovation et, simultanément, d’une nouvelle politique de formation et d’enseignement en santé.

 

Partant de quelques constats simples, le Cercle Santé Innovation, qui rassemble acteurs publics et privés du monde de la santé, proposera aux responsables politiques, dans son prochain rapport, de repenser notre système. Au cœur de ce projet figurera un nouveau modèle dans lequel les échanges entre disciplines seront plus fréquents, mêlant dans de grandes universités du savoir : sciences de la vie, sciences de l’ingénieur, ainsi que sciences humaines et sociales. Un nouvel environnement dans lequel les hôpitaux, les centres de recherche et les instituts favoriseront le transfert industriel et la valorisation des technologies produites en leur sein grâce à un écosystème entrepreneurial performant. Un système de nature à encourager et récompenser la prise de risque des chercheurs. Un modèle, enfin, qui donnera toute leur place aux territoires régionaux qui peuvent créer les écosystèmes d’innovation dont notre pays a besoin.

 

Au final, c’est bien d’une rupture dont la France a besoin. Ou plutôt d’une révolution, mais d’une révolution nous permettant de revenir à l’esprit de 1958 et des ordonnances Debré, qui, en quelques lignes, avec des principes simples, ont bouleversé le paysage et créé un modèle hospitalo-universitaire qui fait encore aujourd’hui notre force.

 

 

Gérard Larcher est sénateur, président du Sénat, ancien ministre du Travail et président du Cercle Santé Innovation.

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