Penser le futur, tu devras

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Les Conversations éthiques 2016 veulent anticiper la santé

Penser le futur, tu devras

La semaine prochaine se tiendront à Paris les Conversations éthiques 2016, organisées par l’Espace éthique d’Île-de-France. L’objectif : anticiper le futur de la santé, sans sacrifier aveuglément aux exhortations technophiles. Un défi intellectuel ?

 

L’avenir de la santé c’est le big data. Le futur de la médecine, c’est le numérique. Le robot est l’avenir de la chirurgie… Vous avez déjà lu ça quelque part ? Normal, c’est l’air du temps, et What’s up Doc ne fait pas exception. Mais il faudrait être naïf pour laisser à la seule technologie le soin de sauver le monde.

Donc on se pose, et on réfléchit.

Anticiper les possibles

C’est en tout cas l’objectif des Conversations éthiques 2016, qui se tiendront les 8 et 9 juin à l’auditorium du Biopark (Paris 13e). Sur le thème « Anticiper le futur de la santé », l’événement aura pour objet de discuter des grandes évolutions dans le champ de la santé et des enjeux éthiques qui s’y dessinent.

« On ne veut pas faire un exercice de commentaire sur la santé du futur : c’est déjà fait, et bien fait. », explique Léo Coutellec, chercheur en épistémologie à l’Espace éthique d’Île-de-France et coordinateur scientifique de l’événement. « Mais on veut se demander quelles sont les conditions pour qu’une discussion sur le futur de la santé soit possible. »

Le temps du débat

Et pour poser les termes de la discussion, rien de mieux que deux experts patentés de la prospective. Guy Vallancien, auteur de La Médecine sans médecin ? et chantre de la modernité en santé, ouvrira les hostilités. Il sera suivi par Riel Miller, chef de la prospective à l’Unesco, qui défend les vertus émancipatrices de l’anticipation.

Les orateurs auront tout l’espace pour s’exprimer, puisque chaque intervention sera ponctuée d’une demi-heure de questions, suivie du même temps de pause. Un format volontairement aéré, qui laisse l’occasion à chacun de prolonger les débats autour d’un café.

Sommes-nous nos données ?

L’après-midi sera dédiée à la réappropriation de la santé par les usagers eux-mêmes, à travers des exemples concrets : un Living Lab attaché à la conception de solutions pour l’autonomie des personnes âgées, ou encore un institut qui travaille à la production de savoirs partagés sur la maladie de Huntington.

Quant au deuxième jour, il sera l’occasion de s’interroger sur la médecine personnalisée et les nouveaux modes de gouvernance en santé, sous l’égide du big data. « Est-ce que prendre des décisions sur la base de banques de données massives est efficace, est-ce qu’on n’oublie pas des dimensions au passage ? », s’interroge Léo Coutellec, qui a sa petite idée sur la réponse.

Malaise dans la civilisation

« Dans le domaine biomédical, les chercheurs s’interrogent beaucoup sur les orientations actuelles », confie Léo Coutellec, coordinateur d’un ouvrage sur le sujet. « Peu, voire aucun, n’est technophobe, mais ils s’interrogent beaucoup sur l’emballement actuel par rapport au numérique, au big data, etc. Bien qu’ils soient assez enclins à accompagner l’innovation, il y a chez eux un malaise. »

Et les médecins ? « Ils ont besoin de retrouver du sens à ce qu’ils font et de ne pas être seulement les accompagnateurs d’un mouvement sociétal dont on ne sait pas trop où il va », estime le philosophe. Pour les Franciliens en quête de sens, c’est donc par ici que ça se passe. Pour les autres, What’s up Doc laissera traîner ses oreilles...

Source:

Yvan Pandelé

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