Chez Sarkozy il fallait avoir sa Rolex avant 50 ans pour réussir sa vie. Chez Macron, il faut être ministre avant 40 ans pour marquer sa réussite. Comme d'autres avant lui dans la Macronie (Marc 0, Gérald Darmanin...), Olivier Véran, à 39 ans, hérite donc d'un portefeuille, celui de ministre de la Santé, que lui a laissé Agnès Buzyn, nouvelle candidate de La République en marche à Paris, après que Benjamin Griveaux a été pris la main... dans le falzar. Le tout nouveau locataire de l'avenue Duquesne, comme son prédécesseur, est médecin, plus précisément neurologue au CHU de Grenoble, la ville où il a suivi toute sa scolarité.
Porte-parole de l'Isni
C'est en 2008 qu'il a commencé une carrière publique, es qualités de porte-parole et vice-président de l'intersyndicale nationale des internes (Isni). Mais c'est en 2012, sous l'étiquette socialiste, qu'Olivier Véran fait son entrée à l'Assemblée nationale, comme suppléant de la ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche Geneviève Fioraso. Il y brille non seulement en se faisant le rapporteur du PLFSS, mais également en tant qu'auteur de deux rapports remarqués, l'un sur la réforme de la filière du sang, mais et l'autre sur l'intérim médical. Ce sont ses propositions qui sont reprises par Marisol Touraine dans la loi de modernisation de notre système de santé votée en 2015, qui tendent à plafonner la rémunération des médecins intérimaires.
Du PS à la LREM
Son tour de piste à l'Assemblée nationale prend fin lorsque Geneviève Fioraso démissionne de son poste de ministre et récupère son siège de députée, que le jeune Véran lui aura gardé au chaud, comme suppléant, pendant trois années. Le suffrage universel ne lui réussit pas la même année, puisqu'il échoue aux élections départementales en 2015. Et, comme beaucoup de socialistes sentant le vent tourner, Véran rejoint La République en Marche, pour défendre le candidat Macron à la présidentielle de 2017. Référent santé d'Emmnanuel Macron pendant sa campagne, les commentateurs politiques l'imaginaient déjà en ministre de la Santé en 2017 : c'est finalement Agnès Buzyn qui sera nommée avenue Duquesne. Comme lot de consolation, Véran sera élu député de l'Isère, et rejoindra la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, où il sera de nouveau rapporteur du projet de loi de financement de la sécurité sociale, mais aussi de la loi portant mesures d'urgences économiques et sociales, suite à la crise des gilets jaunes. Avant d'être nommé ministre de la santé et des affaires sociales, Olivier Véran était chargé du volet organique de la réforme des retraites. Olivier Véran, outre le plafonnement des rémunérations des médecins intérimaires, aura réussi à faire adopter nombre de réformes de son cru : la création des hôtels hospitaliers, le forfait de réorientation des patients aux urgences médicales, la suppression du numérus clausus. De gros et épais dossiers l'attendent sur son bureau : la crise de l'hôpital, l'épidémie de Coronavirus 2019 NcoV. Mais aussi la fronde des internes. Comme un clin d'œil, l'Isni, dont il fut le porte-parole douze ans plus tôt, lui a souhaité la bienvenue avenue Duquesne dans un tweet, en espérant qu'il n'oublie pas si vite son passé de syndicaliste étudiant :
Félicitation à @olivierveran nommé ministre de la Santé!
En tant qu’ancien porte parole de l’@ISNItwit, on espère qu’il sera sensible à améliorer le statut des internes et les conditions de travail à l’hopital.
— ISNI (@ISNItwit) February 16, 2020