L’Ordre veut entendre la voix des jeunes

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Le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) organise une consultation intitulée « soigner demain » pour porter la voix de la profession avant la présidentielle. Son président, Patrick Bouet, nous explique pourquoi les jeunes praticiens doivent s’exprimer.

L’Ordre veut entendre la voix des jeunes

WUD : Votre consultation « soigner demain » peut apparaître comme une énième consultation de la profession, notamment après celles du Ségur ou celle que vous aviez organisée en 2015-2016. Pourquoi faut-il participer à celle-là ?

Patrick Bouet : Parce que nous sommes à un moment charnière de l’histoire du système de santé. De grandes décisions doivent être prises en ce qui concerne les nouvelles définitions des contours du métier, la coordination des soins ou la coopération avec les autres professionnels… Ces sujets seront traités dans le cadre de la présidentielle et il faut que la profession s’exprime.

WUD : Pourquoi appelez-vous tout particulièrement les jeunes à participer, alors qu’ils n’avaient pas été conviés lors de votre dernière consultation ?

P. B. : Ils l’ont été, nous avions à l’époque choisi de leur parler via leurs structures représentatives. Mais aujourd’hui, la réalité réglementaire est différente : les internes et docteurs juniors sont inscrits au Répertoire partagé des professions de santé (RPPS), et nous avons donc les moyens de le contacter directement. Il nous semble important de porter la voix des professionnels de demain.

WUD : Ne pensez-vous pas justement que les professionnels de demain sont lassés d’être consultés régulièrement, sans voir la situation changer concrètement ?

P. B. : Je pense que c’est une chance d’être consulté. Il faut que les médecins s’expriment, nous ne pouvons pas être un peuple qui n’intervient pas dans la gestion du système de santé. Je rappelle que la grande consultation de 2015-2016, par exemple, nous avait permis de poser les bases d’un certain nombre de principes, comme la territorialisation, la coordination, et que c’est parce que les médecins nous avaient souligné l’importance de ces sujets que nous avons pu en parler.

WUD : Vous restez assez vague quant aux thèmes évoqués, alors que de nombreux sujets qui fâchent sont sur le tapis : délégation de tâche, liberté d’installation…

P. B. : Je n’évite pas les sujets qui fâchent. Seulement, ce n’est pas à moi de donner la réponse aux questions que nous posons. Cela étant dit, nous avons toujours refusé de voir notre métier découpé par appartement, de voir les médecins contraints dans leur installation… Ces sujets sont justement des éléments majeurs de ce que nous souhaitons porter au travers de cette consultation.

WUD : Concrètement, comment allez-vous procéder pour recueillir et analyser les réponses des médecins ?

P. B. : Il est possible de répondre au questionnaire en ligne pendant encore 5 à 6 semaines. Les réponses seront exploitées par l’institut Elabe. Nous allons également conduire des consultations internes à l’institution, ainsi que des tables rondes avec nos partenaires institutionnels (associations de patients, grandes agences, etc.). Cela nous amènera en début d’année prochaine à nous exprimer sur les résultats de cette consultation.

WUD : Tout cela ressemble étrangement à la construction d’une plateforme électorale. L’Ordre envisagerait-il de présenter un candidat à la présidentielle ?

P. B. : Non, nous n’avons pas cette ambition (rires) ! Notre ambition, c’est que les décideurs comprennent qu’après les alertes lancées depuis des années, après la grande crise sanitaire que nous traversons encore, le système de santé a besoin d’être vu dans sa globalité, et d’être vu via son leader naturel qui est, je n’ai pas peur de le dire, le médecin.

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