La santé numérique à l'usage des politiques

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36 propositions pour développer l'e-santé

La santé numérique à l'usage des politiques

Renaissance numérique, think tank dédié à l’émergence du numérique, a publié il y a quelques jours un rapport comportant des propositions faites par un panel de 17 experts de la santé numérique. Une sorte d’état des lieux de la situation en France, et de feuille de route pour l’avenir, destinée à relancer le débat dans cette période de campagne présidentielle.

Objets connectés, téléconsultations, simulation, big data, et même homme augmenté : la santé numérique « fait aujourd’hui partie intégrante de la santé », comme le souligne le Dr Cécile Monteil, fondatrice d’Eppocrate et directrice médicale à iLumens. Pourtant c’est un sujet qui brille par son absence dans la plupart des programmes. « Aucun des candidats n’ose s’attaquer à une refonte d’un système à bout de souffle. », déplore-t-elle. « La santé est disséquée en petits bouts, et chacun propose sa petite solution à tel petit problème sans l’intégrer dans une vision globale. C’est dommage car nous avons tous les atouts pour créer un système de santé moderne, plus efficace et plus juste ».

En plus de Cécile Monteil, l'association Renaissance numérique a sollicité seize autres experts en provenance du milieu médical, des institutions, de l’industrie de la santé, de startups et d’associations de patients, dont Guy Vallancien ou encore Jacques Lucas (Cnom). Ensemble, ils ont produit un livre blanc pour une e-santé ambitieuse, qui établit 36 propositions de développement de la santé numérique.

« De nombreux concepts se font écho dans les propositions », commente Cécile Monteil. « On a ainsi l’ouverture des données de santé dans un cadre mieux défini où la législation se montre adaptative et évolutive ; franchir le stade éternel des “expérimentations” françaises pour déployer les solutions créées et les évaluer à grande échelle, avec l’aide des industriels, des pouvoirs publics, et des patients ; repenser une équipe de soins plus large, plus ouverte, mieux formée aux nouveaux défis de notre monde ; et repenser nos outils de travail. »

Aux candidats de faire leur marché

Olivia Grégoire, fondatrice du cabinet Olicare et directrice de la rédaction du rapport, explique la démarche du think tank. « Nous avions déjà publié en 2014 un livre blanc : « D’un système de santé curatif à un modèle préventif grâce au numérique », formulant 16 propositions pour un changement de paradigme des politiques de santé. La campagne était l’occasion de rédiger un deuxième volet, pour faire un bilan de l’évolution de la santé numérique. »

Les 36 recommandations formulées à cette occasion ont été envoyées aux candidats à la présidentielle ou à leurs représentants, avec trois questions :
- Quelles sont les cinq propositions qui vous paraissent les plus pertinentes ?
- En adressez-vous certaines dans votre programme ?
- Si vous étiez élu, quelle serait la première mesure mise en œuvre ?

Les réponses, attendues début avril, feront l’objet de publications sur le blog de Renaissance numérique. Affaire à suivre mais en attendant, What's up Doc a fait sa sélection…

 

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Nos propositions préférées

1. Utiliser les outils numériques pour renforcer le suivi en ville par des équipes multi-disciplinaires, valoriser financièrement la prise en charge télé-médicale par les professionnels de santé et favoriser l’accès à l’éducation thérapeutique

2. Définir des recommandations (sur le principe de la soft law) renforçant la sécurité des dispositifs de santé connectée, avec une labellisation validée par les professionnels

3. Simplifier les processus d’évaluation des dispositifs médicaux innovants, notamment en associant les patients experts, et faciliter le remboursement précoce de solutions de santé numérique selon leur efficacité

4. Intégrer dans la formation médicale initiale et continue les nouveaux dispositifs de santé connectée pour sensibiliser les médecins à leur utilisation et à leur prescription, rendre obligatoire l’apprentissage par la simulation et les environnements virtuels, et offrir la possibilité d’effectuer des stages dans des start-ups et grandes entreprises du domaine de la santé

5. Établir des partenariats publics-privés pour promouvoir les projets de e-santé, notamment à l’hôpital, et mettre en place un financement fléché pour les dispositifs de santé innovants

6. Créer une plateforme centralisant les données de santé, dont la gouvernance serait partagée entre les acteurs afin de favoriser l’échange d’informations et renforcer les mesures de prévention

7. Traiter les données de santé à l’échelle européenne à des fins de recherche médicale, dans le domaine de la cancérologie notamment

Source:

Sarah Balfagon

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