Hôpital : l’énergie en « open bar », c’est fini

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Le point de vue d’un architecte

Hôpital : l’énergie en « open bar », c’est fini

Loin de plomber le bilan énergétique de la planète, l’hôpital pourrait contribuer à l’équilibrer. La lumière sur ce paradoxe avec Eric Bussolino, directeur d’AIA Studio Environnement, le pôle environnemental de l’agence d’architectes AIA.

 

What’s up Doc. En matière de construction hospitalière, l’aspect environnemental n’entre-t-il pas en contradiction avec les exigences de progrès et de sécurité ?

Eric Bussolino. Le développement durable, ce ne sont que des paradoxes qu’on essaie d’empiler. Quand on conçoit un plateau technique de chirurgie, par exemple, les normes sanitaires poussent à la consommation d’air, et donc d’énergie. Les décideurs doivent hiérarchiser les enjeux, et notre rôle, c’est de les aider à faire leurs choix en connaissance de cause.

WUD. Où en est-on sur la question de la maîtrise énergétique des établissements de santé ?

EB. On considère généralement qu’un logement consomme en moyenne 50 kWh/m2, contre 100 à 150 kWh/m2 pour des bureaux, et 700 à 800 kWh/m2 pour les hôpitaux. Mais aujourd’hui, on sait construire des bâtiments certifiés HQE [Haute qualité environnementale, ndlr] qui sont bien en-deçà de ces chiffres. Le véritable progrès viendra donc des usages.

WUD. C’est-à-dire ?

EB. Le problème, c’est que notre société a un rapport à l’énergie qui est un peu « open bar », et que cela ne peut plus durer. On constate que dans un hôpital, plus de 70 % de la consommation énergétique n’est pas liée à la qualité intrinsèque du bâtiment. Il y a donc des discussions à mener avec ceux qui y travaillent, notamment avec le corps médical, pour favoriser une gestion plus économe. Et ce sans renier la qualité des soins.

WUD. Y a-t-il des pays où les consciences sont plus ouvertes à ce genre de problématique ?

EB. On cite souvent l’exemple des pays nordiques : Danemark, Allemagne, Suède… Mais il faut savoir qu’en Allemagne, par exemple, les normes en termes de performance sont moins exigeantes qu’en France. C’est la culture qui fait que les gens réfléchissent davantage à ces sujets.

WUD. L’avenir est-il à l’hôpital neutre en énergie, voire à énergie positive ?

EB. On peut imaginer un établissement à bilan neutre sur l’année, mais dans un hôpital, il peut y avoir beaucoup de choses qui démarrent en même temps. Il faut donc pouvoir répondre aux pics de charge. Ce sera de toute façon un sujet des prochaines années, car les bâtiments devront tous être à énergie positive.

WUD. A quoi ressemblerait l’hôpital de vos rêves ?

EB. Ce serait un hôpital qui non seulement serait à faible emprise environnementale, mais qui serait bénéfique pour son environnement, qui aurait même des capacités de guérison. Cela passerait par les matériaux utilisés, par la capacité de dépolluer l’atmosphère… C’est d’ailleurs un projet de recherche sur lequel nous travaillons.

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Propos recueillis par Adrien Renaud

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