Francine LECA

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Ancienne chef de service en chirurgie cardiaque des hôpitaux Laennec et Necker de Paris Fondatrice de l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque – Enfants du monde.

Francine LECA

La première fois que…

… tu as eu l’idée de faire ta spécialité ?

FL J’ai d’abord fait médecine pour faire de la chirurgie. C’est une spécialité manuelle dans laquelle on voit tout de suite les résultats. Je suis tellement impatiente que c’est une spécialité qui convient bien à mon caractère ! Lors de mes premiers stages d’externe à l’hôpital Laennec, je suis passée en chirurgie cardiaque. Ça a été le coup de foudre !

… tu as examiné un patient ?

FL J’étais externe à Beaujon. Je prenais des gardes de nuit aux urgences. Ça a été un moment incroyable : aborder le patient, parler avec lui. Je me suis dit « quelle responsabilité ! ». Une chose que j’ai répétée des milliers de fois aux jeunes : peu importe que le patient soit un vieillard, un bébé : parlez-lui !

… tu as eu raison contre ton patron ?

FL Une fois, j’ai eu des instructions précises pour un geste opératoire à faire. Je n’étais pas du tout d’accord et je crois que j’ai eu raison. J’étais déjà chef de clinique. Je crois qu’en médecine, l’interne est rapidement senior, mais en chirurgie, qui plus est en chirurgie cardiaque, c’est encore un tout petit élève !

… tu as envisagé une carrière hospitalo-universitaire ?

FL Dès que j’ai pénétré la vie de l’hôpital, je ne me suis même plus posé de questions. J’étais fascinée, tout me plaisait. C’est là que je voulais travailler.

… tu as envisagé d’arrêter médecine ?

FL Jamais !

La dernière fois que…

… tu t’es sentie « dépassée » par un patient ?

FL Ça m’est arrivé quelquefois, rarement fort heureusement. Des malformations congénitales difficiles qu’on a opérées plusieurs fois. On tente encore une opération parce que ça ne va pas bien, et là on tombe sur des adhérences épouvantables, avec des hémorragies. On se bagarre littéralement. À certains moments, on se dit : « je ne vais pas y arriver ». En général on y arrive, au prix d’interventions tellement longues et difficiles. La réparation n’est pas forcément bonne et le malade nous échappe. Aujourd’hui j’opère moins. Pas tellement à cause du geste opératoire, mais parce qu’il y a tout un suivi derrière, toute une disponibilité en urgence à avoir, que je ne me sens plus d’assumer. Ça demande une bonne condition physique, un peu comme un sportif !

… tu as été émue par un patient, une famille ?

FL Avec Mécénat, je m’occupe d’enfants venus du monde entier. Je les reçois avec leur famille d’accueil avant l’intervention chirurgicale. Je suis émue quasiment à chaque fois : par la confiance, la générosité des familles d’accueil, par le physique de certains enfants qui ne vont pas bien, ont du mal à respirer, sont sous-alimentés. Après l’opération, ils ont pris 4 kilos, ils marchent alors qu’ils tenaient à peine debout, ils ont été transformés ! La chirurgie cardiaque de l’enfant, c’est un peu le miracle !

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