Fiasco des ECNi : les externes nantais en grève toute la semaine

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Ca rue dans les brancards

Fiasco des ECNi : les externes nantais en grève toute la semaine

Près d’une centaine d’étudiants en médecine de l’Université de Nantes tiennent le piquet de grève jusqu’à la fin de la semaine. Ils exigent des mesures d’urgence pour l’organisation des Épreuves Classantes Nationales informatisées (ECNi) 2018, ainsi qu’une refonte globale du second cycle.

« C’était terrible. Trois ans pour ça ! », Florian Manoeuvrier et Claire Galais n’ont pas de mots assez forts pour décrire le déroulement des ECNi cette année. Il y a un mois, ces deux externes nantais ont appris trois minutes avant le début d’un examen qu’ils devaient repasser deux épreuves le lendemain. « Seulement 2 dossiers progressifs (DP) - c’est-à-dire des cas pratiques - étaient mis en cause, mais les deux faisaient partie d’examens différents. » C’est donc sur 6 DP qu’ils ont dû plancher une seconde fois.

Plus d'1 carabin sur 4 est dépressif 

Résultat à Nantes (comme dans d'autres régions) : des étudiants en pleurs et pris de crises de panique, « alors qu’on nous promettait un concours d’une grande qualité, après les errements de l’an dernier. » Mais dans la cité des Ducs, les externes ont décidé de ne pas laisser l'acte impuni. « Il n’est pas question que cela se reproduise. Nous avons commencé à établir des revendications », annonce Claire Galais. Un souffle sur des braises déjà réchauffées par la sortie récente d'une enquête menée par 4 organisations représentatives des carabins. D’après cette étude sur la santé mentale des jeunes médecins, le taux de dépression atteint 27,7 % dans cette population.

Les deux étudiants ont fait le choix de riposter en organisant la première grève des externes en France. Un droit qui n’est pleinement reconnu que depuis quelques années pour les carabins du second cycle (circulaire de décembre 2014, article 9). « Il y a un groupe Facebook sur lequel on partage nos demandes : de nombreux étudiants partout en France nous soutiennent, ainsi que des médecins. » Mais quid de l'efficacité de ce modus operandi ? « On espère bien entendu que d’autres facultés en France plantent le piquet de grève, cela porterait le mouvement plus haut ! »

« Le médecin, c’est d’abord l’empathie. »

Dans son communiqué, la promotion nantaise 2017 poursuit en indiquant avoir ressenti leurs ECNi comme « une insulte envers leur travail, leur préparation acharnée, et leur motivation à devenir médecins. » A court terme, ils appuient les propositions portées par l'ANEMF (1), notamment l’ouverture d’une enquête par les inspections des affaires sociales et de l’enseignement supérieur (IGAS-IGAENR), la création de sujets inédits pour chaque année, ainsi que l'isolation des DP afin de faciliter leur annulation et d’éviter de repasser des épreuves intégralement.

Mais les Nantais veulent aller plus loin. « Une réforme du second cycle est nécessaire, avec la suppression des ECNi », explique Florian Manoeuvrier. « Il faut arrêter ce classement : le médecin, c’est d’abord l’empathie. Actuellement nous sommes dans un système compétitif qui est en partie responsable du mal-être des étudiants. Ce que nous souhaitons, c’est la validation d’un projet personnel, qui entérine les stages effectués, donc l’investissement dans une spécialité ».

« Il faut savoir regarder ce qui se passe à l’étranger », continue Claire Galais, l'autre organisatrice de la grève. « Ici on ne valorise pas le savoir-être et le savoir-faire. Quelqu’un qui s’investit et réussit par exemple en cancérologie ne doit pas être bloqué par un simple concours. » « Sur deux jours et demi, je joue toute ma carrière », résume avec colère Florian Manoeuvrier. Les externes grévistes ont rencontré ce mardi après-midi les représentants de l’ANEMF pour discuter de la suite à donner au mouvement. Prochain temps fort : une mobilisation demain à 14 heures devant le CHU Nantais. Une épreuve de force sans doute...

(1) L’Association nationale des étudiants en médecine de France.

*Crédit photo : Corporation Nantaise des Étudiants en Médecine

Source:

Thomas Moysan

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