Wim à vide

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Ciné week-end: Every Thing Will Be Fine, de W. Wenders (sortie le 22 avril 2015)

Wim à vide

Wim Wenders est un de ces rares cinéastes dont l'oeuvre s'est considérablement affadie au fil des années, malgré quelques fulgurances du côté du documentaire. Comment, dès lors, ne pas percevoir le metteur en scène derrière le personnage de Tomas, écrivain atteint du syndrome de la page blanche qui tente, suite à un drame personnel, de poursuivre son oeuvre? Cette dimension égotiste est renforcée par le choix de James Franco - acteur ô combien narcissique - pour incarner cet anti-héros.

Every Thing Will Be Fine est un film habité par la dépression, son ralentissement, son apathie, la douleur qui émane de chaque plan. Les paysages, pourtant magnifiques, sont des natures mortes au sens premier du terme. Plus rien ne vit vraiment dès lors que Tomas tue par accident ce jeune enfant et décide, après avoir frôlé la mort, de vivre malgré tout.

Vivre...en est-il encore capable? Ecrire peut-être. Sûrement même, puisque voilà que son oeuvre est subitement relancée. Il connaît le succès, retrouve l'amour, reçoit le pardon, appréhende une certaine forme de paternité...mais chaque moment de sa vie qui défile sous nos yeux est enveloppé d'une culpabilité qui, même si elle semble s'atténuer, le rend incapable d'être dans le présent. Non pas torturé par le remords, obnubilé par le rachat...mais absent. 

Cette dépression latente, résistante, cette culpabilité aux multiples facettes (du criminel, du survivant, de l'écrivain...) vont se résoudre d'une façon inattendue. En rencontrant - enfin! - l'être qui a partagé le drame de sa vie, il lui apporte tout autant qu'il reçoit ce qui les rendait incomplets; non plus la culpabilité, mais une paternité enlevée à chacun.

So, everything is fine? Not so much... Car Wim Wenders ne suit pas, hélas, la trajectoire de son alter ego. En réalisant un film empesé, à la narration complexe, et dont l'absence d'émotions qui, si elle se justifie, n'en demeure pas moins pénible et l'enferme dans une démonstration qui frôle la caricature, le metteur en scène des Ailes du Désir n'est hélas pas encore totalement sorti de son passage à vide...

Source:

Guillaume de la Chapelle

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