Une reconnaissance professionnelle des aidants familiaux grâce à la VAE

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Face aux difficultés de recrutement, le gouvernement veut reconnaître les compétences professionnelles développées par les aidants familiaux, première étape d'une réforme plus vaste de la "validation des acquis de l'expérience" (VAE), un dispositif qui reste peu connu.

Une reconnaissance professionnelle des aidants familiaux grâce à la VAE

L'exécutif va profiter du prochain texte consacré à la prolongation des règles de l'assurance chômage présenté le 7 septembre en conseil des ministres, pour y glisser un article destiné à faciliter la reconnaissance des acquis de l'expérience pour les proches aidants, le secteur du grand âge étant l'un de ceux où les besoins en recrutement sont massifs.

"Dans le secteur sanitaire, dans l’industrie ou les transports, où infirmiers, techniciens et conducteurs manquent massivement", la formation initiale et continue "ne sont pas en capacité de répondre à court terme à la demande", expose l'exécutif dans son projet de loi. La VAE fait donc figure de troisième voie à explorer.

Créée en 2002, elle permet d'obtenir une certification professionnelle grâce à la reconnaissance de son expérience, que cette dernière ait été acquise à travers des activités salariées, non-salariées ou bénévoles.

La procédure compte deux étapes : la recevabilité et, après plusieurs mois de travail pour constituer un épais dossier justifiant des compétences acquises au fil des ans, le passage devant un jury de validation.

Mais sa mise en oeuvre reste timide car "les démarches pour y accéder demeurent complexes et l'accompagnement n’est pas continu", selon un rapport remis en 2021 par trois experts au gouvernement.

En 2020, année marquée par la pandémie de Covid-19, 30 000 candidats se sont présentés devant un jury, soit une baisse de 18% par rapport à 2019. Parmi eux, un peu plus de 18 000 ont obtenu une certification complète. Le nombre de candidats reçus est en baisse de 16% par rapport à 2019 et se situe à son plus bas niveau depuis 2004.

« 86% ont obtenu une validation totale ou partielle de la certification visée »

Face à ce constat, le gouvernement a lancé fin 2021 une expérimentation dans le secteur du grand âge reposant sur des parcours plus simples et plus rapides avec un accompagnement renforcé.

Selon un bilan fait en mars par l'exécutif, sur la cohorte accompagnée, "86% ont obtenu une validation totale ou partielle de la certification visée, dont 62% en totalité, sur une durée moyenne de 4 mois contre 16 mois dans les parcours de droit commun". Les candidats ayant obtenu une validation partielle ou qui ont abandonné pendant le parcours ont été accompagnés dans le cadre d’un conseil en évolution professionnelle (CEP).

"Nous allons inscrire dans la loi ce qui fonctionne déjà sur le terrain suite aux premières expérimentations, centrées sur le secteur médico-social et les proches aidants", a indiqué à l'AFP la ministre déléguée à la Formation professionnelle Carole Grandjean.

Le projet de loi permettra ainsi aux proches aidants de faire valoir les compétences acquises dans la prise en charge de la dépendance ou de la fin de vie d’un membre de la famille.

Déléguée générale du collectif "Je t'aide", Morgane Hiron se dit sur le principe "favorable à la reconnaissance du travail des aidants" car "beaucoup d'aidants prodiguent des gestes de soins à leurs proches (gérer des médicaments, faire un pansement, poser un cathéter)" comme pourrait le faire un aide-soignant.

"Mais attention à l'équation simpliste « les aidants peuvent combler le déficit d'aides à domicile »", prévient-elle.

"Les aidants développent des compétences transversales (gestion du stress, empathie...) valables dans d'autres secteurs que le médico-social. Et notre sujet, c'est le maintien et le retour à l'emploi des aidants. La VAE n'est pas notre priorité", relativise-t-elle.

A la suite de ces expérimentations - une autre est en cours depuis juin portant sur 3 000 parcours avec un budget de 15 millions d'euros - le gouvernement compte lancer cet automne une concertation avec les partenaires sociaux et les régions pour une réforme globale du dispositif.

"La VAE est un bon levier de promotion professionnelle et d’accès aux métiers en tension", juge Mme Grandjean qui veut passer de 30 000 à 100 000 parcours par an d'ici à cinq ans.

Avec AFP

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© IStock 

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