Une personne sur quatre est touchée par un trouble mental, former des secouristes en santé mentale devient un besoin "urgent"

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Approcher une victime de crise d'angoisse, déceler une dépression ou aider une personne prise d'une attaque de panique : en période post-Covid où l'éco-anxiété gagne une partie de la population, les formations de secours en santé mentale sont de plus en plus prisées.

Une personne sur quatre est touchée par un trouble mental, former des secouristes en santé mentale devient un besoin "urgent"

© IStock 

"Donner un verre d'eau, un mouchoir, tout cela est rassurant" pour une personne en proie à une crise psychique, explique Agnès Ducré-Sie, formatrice en santé mentale, devant 16 stagiaires, en grande majorité des femmes.

Dans la salle de conférence au sud de Paris, les futurs secouristes se sont regroupés studieusement pour suivre leur deuxième et dernière journée de formation intensive aux premiers secours en santé mentale.

"On pense toujours aux secours physiques, aider quelqu'un qui est tombé (...) mais on ne pense pas forcément aux gens qui ne vont pas bien dans leur tête", relève Laurence Roux-Fouillet, sophrologue, qui assiste à la formation sur les conseils d'une collègue.

Pour elle, davantage de sensibilisation à la santé mentale permettra de faire des troubles mentaux "quelque chose de complétement banal", alors qu'ils souffrent encore de stigmatisation.

Les stagiaires expriment d'ailleurs leur crainte d'être trop intrusif, mais la formation leur permet, selon la formatrice, Agnès Ducré-Sie, de déterminer la meilleure façon d'intervenir, sans ingérence.

Une personne sur quatre est touchée, au moins une fois dans sa vie, par un trouble mental

En France, une personne sur quatre est touchée, au moins une fois dans sa vie, par un trouble mental.

La parole se libère toutefois, comme l'observe Mme Ducré-Sie : "On s'est rendus compte avec la crise du Covid qu'il y avait des problèmes de santé mentale en France, ça a eu un effet accélérateur".

Malgré cela, la situation reste "alarmante" chez les jeunes, mais pas seulement. "Toute la population est impactée, on a vécu un été d'enfer avec un stress écologique et environnemental", auquel s'ajoute la guerre en Ukraine. Il y a une "urgence" à former et à répondre à ces problématiques, insiste la formatrice.

Entre explications théoriques, tests et mises en situation, les stagiaires sont sensibilisés aux différents troubles mentaux et aux manières d'y répondre : angoisse, troubles psychotiques ou encore prévention du suicide.

Lorsque le sujet des traumatismes de masse -comme les attentats- est abordé en formation, les questions fusent : "Les incendies, orages, en font-ils partie ?" comme un écho de l'éco-anxiété au sein de la population.

30 000 secouristes ont déjà été formés

Si les formations aux gestes de secours en santé physiques sont répandues, l'association "Premiers secours en santé mentale" (PSSM) n'a commencé à dispenser des formations en France qu'en 2019, dix ans après l'Australie, pionnière en la matière.

Près de 30 000 secouristes ont déjà été formés, avec des sessions proposées dans toute la France, mais l'association veut accélérer le mouvement, avec pour objectif de l'étendre à 750 000 personnes d'ici 2028.

La meilleure connaissance de la santé mentale permet de faire bouger les choses, selon Mme Ducré-Sie, qui assure que la demande de formation ne fait qu'augmenter. "Au début, nous avions un public de convaincus, puis en 2021 des professionnels (...) de l'action sociale ou sanitaire, des étudiants, et maintenant, ça irrigue de plus en plus".

Des gardiens d'immeubles ont notamment suivi la formation, tout comme les responsables de ressources humaines de certaines entreprises.

Orane, étudiante en licence de psychologie qui n'a pas souhaité donner son nom, était aussi présente car "c'est un geste citoyen", selon elle.

Un frein peut néanmoins subsister : celui du financement. La formation, ouverte à tout volontaire, coûte 250 euros.

A l'issue de ces deux jours, les secouristes reçoivent un diplôme. Mais "on n'est pas là pour sauver le monde", seulement pour apporter "un peu plus de bien-être", sourit Noémie Rakotobe, éducatrice spécialisée.

Avec AFP

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