Un petit tour à l’usine GSK en Mayenne qui produit un maximum d’amoxicilline pour combler la pénurie

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Pour faire face aux pénuries touchant certains antibiotiques majeurs, le laboratoire britannique GSK met les bouchées doubles dans son usine de Mayenne, dans l'ouest de la France, alors que le problème a pris des proportions mondiales.

Un petit tour à l’usine GSK en Mayenne qui produit un maximum d’amoxicilline pour combler la pénurie

Les temps modernes.

© IStock

Sur ce site, spécialisé dans les antibiotiques, on fabrique de l'amoxicilline, traitement largement utilisé qui représente 70% des prescriptions d'antibiotiques enfantines, par exemple pour les otites.

L'amoxicilline se présente sous deux formes, toutes deux préparées en Mayenne : soit la molécule seule, soit en association avec de l'acide clavulanique, destiné à favoriser l'absorption par l'organisme.

Sur les lignes de production entièrement automatisées, la poudre blanche remplit des flacons de verre à un rythme pouvant atteindre 120 flacons par minute. Le médicament, qui est aussi produit sous d'autres formes, en comprimés, gélules ou sachets, est ensuite conditionné et transféré vers 110 pays à travers le monde, tandis que 28% de la production reste en France.

L'usine, dont la cadence de production avait reculé au plus fort de la pandémie, fonctionne de nouveau à plein régime, au maximum de ses capacités. Les 370 salariés se relaient jour et nuit, cinq jours sur sept. Car la demande a bondi depuis que la pandémie a reculé. Selon les données du Gers (groupement pour l'élaboration et la réalisation de statistiques de l'industrie pharmaceutique), 45 millions de boîtes d'amoxicilline ont été vendues en 2020 en France, contre 63 millions dispensées de janvier à novembre 2022.

« Il faudra encore deux mois pour être vraiment tranquille et avoir nos stocks reconstitués »

Le problème de pénurie est planétaire. Car les affections hivernales, qui avaient fortement diminué avec les confinements, sont de retour, avec une ampleur qui n'avait pas été prévue par les laboratoires.

La France, l'Espagne, l'Australie, les Etats-Unis ont tiré la sonnette d'alarme depuis quelques semaines déjà, en particulier pour les formes pédiatriques. Et les tensions pourraient durer, a averti le ministre de la Santé François Braun, "il faudra encore deux mois pour être vraiment tranquille et avoir nos stocks reconstitués".

Concrètement, pour GSK, cela signifie doubler la production sur deux ans, et passer de 45 millions de boîtes produites en 2021 à un objectif de 87 millions de boîtes en 2023. "Nous sommes passés de 1,1 million de boîtes fabriquées par semaine à deux millions chaque semaine, depuis septembre", témoigne Christophe Wadoux, le directeur de l'usine de Mayenne.

Pour cela, il a fallu embaucher près de quarante personnes l'an dernier, et les recrutements ne sont pas terminés : "On devrait atteindre 440 employés en tout sur le site à fin 2023", dit-il.

L’Agence nationale de sécurité du médicament a autorisé la fabrication d’amoxicilline directement en pharmacie

"Le recrutement est notre priorité numéro un, sachant que nous sommes dans un bassin de plein emploi", ajoute le directeur du site de Mayenne. Ce manque de main d'œuvre est la raison pour laquelle l'usine n'est pas passée à une production le week-end. Car il faut de quatre à six mois pour former un responsable d'une ligne de production, précise Christophe Wadoux, qui prévoit que la fabrication d'amoxicilline va rester durablement supérieure à l'avant pandémie.

De son côté, l'Agence nationale de sécurité du médicament française a autorisé il y a quelques jours la fabrication d'amoxicilline directement par certains pharmaciens, tandis que d'autres laboratoires investissent pour produire davantage. Sandoz, la division médicaments génériques du suisse Novartis, a ainsi mis en œuvre des actions ponctuelles sur son site de Kundl en Autriche, notamment l'embauche de personnel supplémentaire, en sus d'investissements additionnels.

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"Le sens de l'urgence a été donné par la situation en France et dans le monde", commente Christophe Wadoux, qui dit ses équipes mobilisées par une situation qui les "touche".

Avec AFP

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