Transports en ambulances : Agnès Buzyn écrase la pédale de frein

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La ministre de la Santé a annoncé la suspension temporaire de la réforme des transports sanitaires, en butte à l’hostilité des petites sociétés d’ambulance mais aussi des hôpitaux publics.

Transports en ambulances : Agnès Buzyn écrase la pédale de frein

À l’occasion de ses vœux à la presse, mardi 22 janvier, Agnès Buzyn a annoncé qu’elle mettait en « pause » la réforme des transports sanitaires. « Nous allons aujourd'hui faire effectivement une pause, travailler avec les services et reprendre dans les semaines qui viennent cette réforme avec les modulations qui auront été apportées », a annoncé la ministre.

Depuis le 1er octobre 2018, il revient aux hôpitaux, et non plus à l’assurance maladie, de financer les transports en ambulance. Un changement qui avait suscité l’ire des petites sociétés d’ambulance et des établissements hospitaliers.

Incapables de faire face aux grosses structures, mieux organisées et plus à même de traiter avec les directions hospitalières, les ambulanciers avaient dénoncé cette « ubérisation » de leur métier en organisant une série de manifestations, dont un blocage du périphérique parisien en novembre. Du côté des hôpitaux, on dénonçait une gestion calamiteuse et un cadeau empoisonné.

Comme une odeur de patate chaude

« On transfère [aux hôpitaux publics] la responsabilité de la maîtrise de dépenses que l’assurance maladie n’est jamais parvenue à juguler, sans leur donner les leviers d’une nécessaire réorganisation de ces transports », s’était ainsi étranglé  Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF). Il faut dire que la note s’annonce de plus en plus salée, en raison de l’essor de l’ambulatoire et de tarifs sécu qui n’ont pas évolué depuis 2013.

Les premiers effets de la réforme ne se sont d’ailleurs pas fait attendre. Dans plusieurs régions, des établissements ont refusé de financer le retour à domicile de patients hospitalisés. Malgré un montant global officiellement majoré de 10 %, certains hôpitaux dénonçaient des budgets sous-évalués par rapport aux besoins, notamment en milieu rural. D’où la tentation de faire des économies de bouts de chandelle.

Une petite pause pour la route

Devant cette levée de boucliers, Agnès Buzyn avait missionné l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Dans leurs conclusions, présentées le 21 janvier, les inspecteurs ont donné raison aux détracteurs de la réforme, critiquant une réforme conduite à la hussarde et recommandent une « interruption temporaire » afin de permettre aux ARS de s’emparer proprement du dossier. Une position aujourd’hui reprise à son compte par la ministre.

Pas question, pour autant, d’annuler le projet. « Cela ne devrait pas durer des mois non plus car nous avons besoin de cette réforme », a précisé Agnès Buzyn.
Du côté des hôpitaux publics, on ne résiste pas à la tentation de pousser son avantage. « Si l’Igas, comme le ministère, répètent à l’envi que cette réforme ne présente pas d’objectifs d’économies, la FHF se pose alors cette question : pourquoi s’entêter ainsi ? », a réagi le syndicat des hôpitaux publics, tout en s’interrogeant sur la faisabilité de cette interruption temporaire.
 

Source:

APMNews

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