Selon une étude les jeunes de 17 ans sont moins "accros" aux produits addictifs

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La consommation de drogues, notamment de cannabis, d'alcool et de tabac est en baisse chez les jeunes de 17 ans, affirme l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) au terme d'une vaste étude publiée hier.

Selon une étude les jeunes de 17 ans sont moins "accros" aux produits addictifs

© IStock 

"On constate une baisse généralisée des usages de substances psychoactives", s'est félicité lors d'une conférence de presse le directeur de l'OFDT Julien Morel d'Arleux, qui souligne notamment un net recul du tabagisme.

Pour cette étude, l'OFDT a interrogé 23 000 jeunes de 17 ans en mars 2022 dans le cadre de la 9e étude Escapad menée lors de journées d’appel de préparation à la défense.

En 2022, moins d'un jeune de 17 ans sur deux (46,5%) a déclaré avoir déjà fumé au moins une cigarette, soit 13% de moins qu'en 2017, date de la précédente étude, et 15,6% d'entre eux ont déclaré fumer quotidiennement, soit une baisse de 10% en cinq ans, analyse le rapport.

Avec près d'un adolescent sur cinq déclarant n'avoir jamais bu d'alcool et moins d'un sur deux déclarant n’avoir jamais été ivre, l'OFDT constate un "recul généralisé" de la consommation d'alcool, même si "la pratique des alcoolisations ponctuelles importantes (API) persiste et se généralise".

La même tendance baissière est observée pour le cannabis, deux fois moins consommé sur une base régulière ou quotidienne, ainsi que pour les autres drogues qui enregistrent une baisse notable par rapport à 2017.

En revanche, deux nouvelles pratiques ont gagné en popularité auprès des jeunes.

D'abord la cigarette électronique, dont l'usage a triplé en cinq ans et a même été multiplié par six pour les seules filles, ensuite l'usage de cannabidiol (CBD), qui faisait partie du questionnaire pour la première fois, expérimenté par plus de 17% des jeunes interrogés.

Dans son étude, l'OFDT pointe des disparités de consommation des produits addictifs selon le statut scolaire des jeunes, avec des "niveaux d’usage fréquent plus importants parmi les adolescents en apprentissage et ceux sortis du système scolaire par rapport aux élèves scolarisés dans le secondaire".

Les élèves déscolarisés sont plus de 16% à consommer régulièrement du cannabis, contre un peu plus de 3% des lycéens

La différence est la plus flagrante pour le tabac : 10% des élèves des lycées généraux en consomment quotidiennement, contre 22% dans les lycées professionnels, plus de 38% chez les apprentis et 43.5% chez les jeunes sortis du système scolaire.

Les apprentis sont plus de 18% à consommer régulièrement de l'alcool, soit trois fois plus que les élèves des lycées généraux et technologiques, et près de 54% à s'adonner au "binge drinking" contre 35,5% dans les lycées généraux.

Les élèves déscolarisés sont plus de 16% à consommer régulièrement du cannabis, contre un peu plus de 3% des lycéens.

"Il y a là une inégalité sociale qui se joue", note un des contributeurs à l'étude, Stanislas Spilka, avec des jeunes en apprentissage, "profils socialement plus fragiles", qui intègrent un monde d'adultes.

L'OFDT souligne que les données recueillies en 2022 surviennent après deux années de crise sanitaire liée au Covid-19, pendant lesquelles les moments de sociabilité favorables aux expérimentations de drogues ont été limités du fait des confinements successifs et des restrictions sociales, ce qui contribue à expliquer la baisse importante des usages.

Cependant, si les jeunes ont diminué leur consommation de produits psychoactifs pendant cette période, leur état de santé s'est détérioré, en particulier dans le champ de la santé mentale. Les troubles liés à l'anorexie, à l'obésité et aux syndromes anxiodépressifs ont fortement augmenté.

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Il n'y a cependant pas eu "d'effet de rattrapage" et la baisse de la consommation de produits addictifs semble "durablement inscrite dans les comportements de la population adolescente".

Cette courbe descendante a été documentée dès 2019 par l'European School Project on Alcohol and other Drugs (ESPAD) puis l'Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2022.

Parmi les facteurs d'explication : l'évolution des sociabilités des jeunes, le changement de leur perception des drogues, l'efficacité des campagnes de prévention et de l'action des adultes.

Le gouvernement a d'ailleurs annoncé jeudi le lancement de sa Stratégie interministérielle de mobilisation contre les conduites addictives 2023-2027, qui met notamment l'accent sur la prévention auprès des mineurs.

Avec AFP

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