Santé environnementale : les blouses blanches veulent passer au vert

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Un collectif d’associations, dont des syndicats de soignants, a publié la semaine dernière dans Libération un appel à renforcer la santé environnementale. Une idée qui fait des progrès chez les blouses blanches… même s’il y a encore du boulot.

Santé environnementale : les blouses blanches veulent passer au vert

Un système de santé reposant sur deux piliers d’égale importance : le système de soins d’un côté, et la santé environnementale de l’autre. Voilà une vision qu’on a l’habitude d’entendre de la part d’associations écolo, mais qui est plus rare venant des soignants. D’où l’originalité de la tribune intitulée « Faire de la santé environnementale un pilier du système de santé français », parue dans Libé la semaine dernière : celle-ci est signée par des représentants d’associations de consommateurs (UFC-Que choisir…), d’organisations environnementales (Générations futures…), mais aussi de syndicats de soignants (Jeunes Médecins, Convergence infirmière…).
« Dans notre métier, l’engagement en faveur de l’environnement est logique, car nous avons le devoir de participer à la santé de nos concitoyens, explique le Dr Lamia Kerdjana, présidente de Jeunes Médecins Île-de-France et signataire du texte. Et pourtant, je me suis rendue compte que rien ne m’avait préparé à aborder ces questions au cours de mes études. » Selon cette jeune anesthésiste, les facteurs environnementaux abordés en cours de formation médicale se résument au tabac, à l’alcool, et à l’amiante, « ce qui fait que nous avons aujourd’hui beaucoup de retours de généralistes se disant démunis face aux questions de leurs patients sur les perturbateurs endocriniens, par exemple ».

Un PNSE 4 un brin faiblard
Concrètement, la tribune s’inquiète du manque d’ambition du quatrième Programme national santé environnement (PNSE 4), actuellement en cour de discussion, et en demande une « révision profonde […] renforçant très fortement le domaine de la santé environnementale afin de tirer les leçons de la crise sanitaire actuelle ». Et il ne faudrait pas croire que seuls les industriels et les politiques sont visés. D’après Lamia Kerdjana, le monde de la santé doit aussi participer à l’effort en faveur de la santé environnementale. 
« Les hôpitaux sont d’énormes pourvoyeurs de dégâts environnementaux, affirme-t-elle. Prenons l’exemple des détergents : ce qui est rejeté dans la nature par les établissements est colossal. Or on pourrait procéder au nettoyage des surfaces avec des produits qui n’abiment pas l’environnement. Ce serait un coût sur le court terme, mais un bénéfice sur le long terme. » Et les exemples des effets négatifs du système de soins sur l’environnement sont d’après elle légion : usage unique généralisé, gaz anesthésiants à effet de serre, gaspillages liés à la mauvaise qualité de la nourriture hospitalière…
Heureusement, note Lamia Kerdjana, « de plus en plus de professionnels de santé sont conscients de ce qui se passe ». Reste que chez beaucoup, cette conscience n‘a pas encore déclenché de passage à l’action. « Ils sont dans le constat, mais ne savent pas forcément ce qu’ils doivent faire pour améliorer les choses », constate la présidente de Jeunes Médecins Île-de-France. Soignants, encore un petit effort !

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