Rien de Trave

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Ciné week-end : Une nouvelle amie de F. Ozon, sorti le 5/11/2014

Rien de Trave

Ancien enfant prodige - et terrible! - du cinéma français, François Ozon nous avait livré l'an dernier "Jeune & Jolie", une oeuvre énigmatique au charme vénéneux. C'est peu dire qu'on attendait beaucoup de son dernier opus, dont le sujet est de plus furieusement tendance. Autant l'écrire tout de suite, on a été déçus, tant le plat semblait alléchant. Rien de trave, mais rien de trans-cendant...
Depuis "Sitcom" Ozon n'a pas son pareil pour instiller le ver dans le fruit, déranger les codes, que ce soit insidieusement ou au bazooka. Avec souvent beaucoup de talent. Prendre pour cela le parti d'une réalisation classique, d'une direction d'acteurs plus que sage, dans des décors d'une banalité caricaturale, pourquoi pas. Cela lui avait réussi avec "Dans la maison", et la forme servait le propos, le mettait en abîme de façon très subtile.

Ici, il n'en est rien. C'est comme si, en ces temps d'obscurantisme post-Manif Pour Tous, Ozon voulait nous hurler que la normalité est partout, pour tous, dans toutes les différences, et que la monstruosité est plus dans l'oeil de celui qui juge que dans l'apparence de celui qui est jugé. Le propos est dès lors trop limpide, la démarche trop appuyée. Romain Duris joue une Virginia fort sympathique et attachante, fait ce qu'il peut, mais il n'a ni la flamboyance d'un travelo espagnol, ni le mystère d'une femme fatale, ni la douleur d'une tragédienne. Et Ozon, le cul entre toutes ces chaises, n'est ni Almodovar ni Visconti ni Douglas Sirk. Ce qui donne, c'est le comble, un film tiède!

Par moments pourtant le film prend des détours plus ambigus, emprunte des chemins plus escarpés, aidé en cela par la jolie et insondable frimousse de sa véritable héroïne, jouée par la très convaincante Anaïs Demoustier. C'est à travers elle qu'est effleuré le vrai sujet d' "Une nouvelle amie", à savoir les frontières perméables et inattendues entre l'amitié, l'amour, la complicité et la sexualité. Et la question de ce qui, au final, fait le couple.

Source:

Guillaume De la chapelle

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