Retournement de situation, le parquet conteste la possibilité d'exercer la médecine pour l’anesthésiste de Besançon, accusé de 32 empoisonnements dont 9 décès

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Le procureur de la République de Besançon a annoncé hier qu'il allait contester la possibilité d'exercer à nouveau la médecine accordée à Frédéric Péchier, anesthésiste mis en examen pour 24 empoisonnements de patients et soupçonné de 8 autres.

Retournement de situation, le parquet conteste la possibilité d'exercer la médecine pour l’anesthésiste de Besançon, accusé de 32 empoisonnements dont 9 décès

© IStock 

"Je vais saisir le magistrat instructeur d'un alourdissement du contrôle judiciaire", a annoncé lors d'une conférence de presse Etienne Manteaux, estimant qu'il n'était à ses yeux "pas un seul instant envisageable" que Frédéric Péchier, certes "présumé innocent" mais mis en examen, "soit autorisé à exercer la profession de médecin".

Le procureur s'exprimait au lendemain d'une décision de la chambre de l'instruction de la Cour d'appel de Besançon validant la possibilité pour Frédéric Péchier de retravailler en tant que médecin, excluant cependant sa spécialité, l'anesthésie.

C'est toutefois le Conseil de l'ordre des médecins qui dira in fine s'il peut ou non exercer de nouveau, a précisé la chambre de l'instruction, qui a également allégé son contrôle judiciaire, autorisant notamment le Frédéric Péchier à revenir dans le Doubs, où résident ses enfants. Il doit en revanche conserver son domicile principal dans la Vienne, où il vit chez ses parents.

Selon Etienne Manteaux, l'arrêt rendu avant-hier constitue une "lecture stricte" et une clarification des "termes utilisés par le juge des libertés et de la détention" (JLD) qui avait laissé Frédéric Péchier libre sous contrôle judiciaire en lui interdisant "d'exercer la profession de médecin-anesthésiste".

Il s'agit d'une affaire "hors norme en tous points" et "très complexe "

Une formulation qui avait depuis été entendue par "tout le monde" comme "une interdiction générale d'exercer la profession de médecin", notamment par le suspect et ses conseils qui avaient donc saisi la chambre de l'instruction pour pouvoir de nouveau exercer la médecine.

Selon Etienne Manteaux, l'un des messages de la chambre de l'instruction, c'est aussi de demander "aux acteurs judiciaires" que "cette information judiciaire s'achève" : l'instruction, débutée en 2017, "devient très longue".

Il s'agit d'une affaire "hors norme en tous points" et "très complexe mais il faut (qu'elle) s'achève et je peux vous assurer que nous en sommes tous bien conscients", a-t-il insisté, évoquant comme objectif de clore l'information judiciaire "à l'été 2023".

Une date qui "va beaucoup dépendre évidemment de la défense" du médecin, en fonction des demandes d'expertises ou de contre-expertises qu'elles pourraient demander, a nuancé le procureur.

La totalité des expertises devrait en effet être rendue au début du mois de février et Frédéric Péchier est convoqué par le juge d'instruction en mars pour "neuf interrogatoires successifs", notamment autour de huit nouveaux cas d'empoisonnements pour lesquels il est soupçonné, a ajouté Etienne Manteaux.

Frédéric Péchier, 50 ans, est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de patients pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.

Il est mis en examen pour 24 cas d'empoisonnement, dont neuf mortels. Depuis septembre, il est en outre soupçonné de huit nouveaux cas d'empoisonnements potentiels de patients, dont quatre mortels.

Le praticien clame son innocence depuis le début de l'affaire.

Avec AFP

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