Résultats de l'enquête Ipergay

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Une efficacité préventive contre le VIH de 86 %

Résultats de l'enquête Ipergay

On les attendait avec impatience. Les résultats de l’essai clinique Ipergay, promu et financé par l’ANRS sont enfin arrivés. Ils ont été présentés lors de la 22e Conférence sur les rétrovirus et les infections opportunistes (CROI), à Seattle (Washington). Les chiffres sont encore meilleurs que ceux annoncés il y a 4 mois, puisqu’ils indiquent une efficacité de 86% dans la prévention du VIH (contre 80 % en octobre). Lancée il y a presque trois ans, l'étude repose sur la méthode du PrEP (prophylaxie pré-exposition), qui consiste à administrer du Truvada à 400 homosexuels avant et après le rapport sexuel en guise de prévention. L'expérience avait déjà été tentée aux Etats-Unis avec le projet Iprex. Mais les résultats publiés en novembre 2013 indiquaient une réduction du risque d’infection de 44%, soit presque deux fois moins que l’étude Ipergay.

Que doit-on en conclure ?
Face aux chiffres encourageants présentés par Ipergay, le Pr Molina, (Université Paris 7, hôpital Saint-Louis, AP-HP), coordinateur de l’étude préfère toutefois rester prudent : « il est important de ne pas relâcher les politiques de prévention qui ont fait leurs preuves : utilisation systématique du préservatif, dépistages réguliers du VIH et des autres infections sexuellement transmissibles, et leur traitement », met-il en garde. Cette question du renoncement aux méthodes classiques de prévention au profit du Truvada avait été soulevée dès octobre, allant même jusqu’à créer une polémique. En effet, le Dr Olivier Taulera, médecin généraliste à Paris, avait qualifié ce traitement « d’anti prévention ». Une association antisida toulousaine avait quant à elle repris les résultats d’ Iprex en remettant en cause le faible taux d’efficacité préventive. Ce dernier argument peut désormais être réfuté, au vu des résultats d'Ipergay. Cependant, ce taux élevé de réduction des risques d'infection s’explique en partie, par une excellente observance des patients. « La PrEp marche bien si elle est régulièrement observée. Le traitement à la demande change beaucoup de choses pour les personnes concernées. Au cours de l’essai Ipergay, les participants choisissaient eux-mêmes d’utiliser ou non le Truvada en fonction du risque qu’ils estimaient prendre. Cela rend les gens plus responsables. Mais, cela était combiné à des tests de dépistages réguliers. C’est ce qui a permis d’atteindre un niveau de protection que nous n’aurons peut-être jamais avec un vaccin anti-VIH », estime le Pr Molina. Mais les patients se montreront ils aussi consciencieux au quotidien ?

Autre problème : un tiers des participants a contracté des infections sexuellement transmissibles au cours de l’expérience (gonorrhée, syphilis, hépatite C). Il faudra donc attendre encore un peu pour des recommandations officielles même si « des discussions au niveau des autorités devraient avancer très vite, dès l’été 2015 », selon Jean-François Delfraissy, directeur de l’ANRS.

 

Crédit : Stocklib ©

Source:

Léa Drouelle

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