Rencontre avec le médecin qui veut nous faire poser nos écrans une heure par jour pour « plus bouger, mieux manger et bien dormir »

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« Posons nos écrans », futur dry January ? Yannick Guillodo, médecin du sport au CHU de Brest a lancé ce challenge dans le Finistère. L’objectif : une heure d’écran par jour en moins et bien plus… Allez-vous relever le défi ?

Rencontre avec le médecin qui veut nous faire poser nos écrans une heure par jour pour « plus bouger, mieux manger et bien dormir »

Yannick Guillodo, médecin du sport au CHU de Brest, a lancé le challenge "Posons nos écran". 

D’où vous vient cette idée ?

J’ai constaté qu’il y a une addiction à la chaise, due à l’addiction aux écrans de loisir. Les tablettes, les smartphones, les jeux vidéo ont tendance à envahir nos vies… Il va falloir diminuer ce temps d’écran de loisir car cela entraîne une inactivité, une sédentarité, du grignotage. Leur lumière bleue trouble notre sommeil. Les écrans attaquent les trois piliers que sont : plus bouger, mieux manger et bien dormir.

Je ne dis pas qu’il faut revenir à la diligence et à la bougie. Je dis qu’il faut mesurer cette surconsommation, être vigilant.

Le poison c’est la dose. Tous les indicateurs nous montrent que l’on est passé de 3h à 5h d’écran numérique quotidien en moins de 10 ans, et nous ne savons pas où cela va s’arrêter.

Au mois d’avril, je suis tombé sur une publication allemande. Sur une cohorte de 200 patients, ils avaient comparé l’effet d’un arrêt total du smartphone à celui d’une diminution d’une heure par jour. Il y avait autant de bénéfice à le diminuer une heure. Cette étude m’a permis d’avoir une assise scientifique pour proposer quelque chose à grande échelle.

Sur quels paramètres portent vos thèses ?

La première est médico-sociale, elle a pour but de cibler les gros consommateurs de smartphone en fonction de leur âge, de leur niveau d’habitude, de leur famille, de leur profession…

La deuxième est une thèse où l’on va mesurer l’activité physique avec et sans écran. Et une troisième est basée sur le sommeil grâce au questionnaire de Spiegel. Afin de déterminer si le sommeil s’améliore.

Quel est votre but ?

Si je montre dans cette étude de sensibilisation qu’une semaine sans écran, suffit pour alerter les gens, alors il faudra monter cette opération à plus grande échelle sur un territoire plus large.

En quoi consiste le défi ?

Nous allons observer la cohorte pendant 3 semaines. La semaine du 21 au 27 novembre où le challenge est de diminuer le temps d’écran une heure par jour, celle qui suit et celle qui précède. Les participants rempliront un Google forms avant et après qui représenteront les données pour nos thèses.

Avez-vous beaucoup d’inscrits pour le moment ?

Pas pour l’instant, nous venons juste de démarrer. Nous avons fait ce challenge avec les entreprises. Par exemple le CHU de Brest, compte 5 000 employés, la mairie de la métropole en compte 2 600. La construction navale en a 3200. Ce sont eux qui feront la partie pédagogie interne et le « rabattage ».  Nous espérons avoir 5 000 participants au total.

Pourquoi avoir choisi de challenger des entreprises ?

Il y a tous les milieux sociaux. Quand on prend CHU, cela va de l’ASH au professeur agrégé, pour la mairie, de l’éboueur à l’ingénieur urbaniste…  C’est pour cela que je cible en premier les grandes entreprises, le panel est vaste.

Pensez-vous, être vous-même accro au smartphone ?

En me lançant là-dedans je ne pensais pas l’être. Les réseaux sociaux me laissent relativement indifférent. Mais je me suis rendu compte que je vais souvent sur Linkedin. Je suis en train de basculer. Le challenge va me pousser à faire attention et à me remettre en cause. Il faut que l’on se remette tous en question.

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/5-chiffres-connaitre-sur-la-sante-en-france-en-2022-surtout-quand-est-medecin

Pensez-vous que les professionnels de santé sont plus dépendants aux écrans à cause de toutes les applications qui leur sont mises à disposition ?

Oui je pense. C’est le problème, nos écrans nous servent. Ce sont des outils merveilleux mais je parle plutôt des écrans de loisirs. Il faut faire des sas de déconnexion.

Pensez-vous qu’après le dry january, il y aura le mois sans écran ?

Oui ! Nous allons publier nos résultats, le premier trimestre 2023. Nous verrons ce que l’on montre ou ce que l’on ne montre pas. Nous avons deux directeurs d’ARS qui connaissent notre projet et qui se pose la question de monter la même chose au niveau de la région.

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