Réa’ en Ile-de-France : Le désamour des internes est au programme

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Les internes tournent le dos aux services de réanimation de la capitale. Pour le prochain semestre, 56 postes seraient actuellement non pourvus. Cela, contre une vingtaine hors crise sanitaire…

Réa’ en Ile-de-France : Le désamour des internes est au programme

L’heure des changements de stages pour les internes français a sonné. Au jeu des chaises musicales pourtant, les services de réanimation franciliens se retrouvent perdants. D’après les confidences du président du syndicat des internes des hôpitaux de Paris au Monde, 56 postes seraient actuellement non pourvus pour le prochain semestre en Ile-de-France sur les 515 possibles.

Une déshérence qui n’a rien de nouveau. Chaque année, environ une vingtaine de postes ne parviennent pas à trouver preneur. À l’heure de la pandémie pourtant, ce phénomène s’est amplifié. « Les internes ont évité les services qui font beaucoup de Covid », poursuit Léonard Corti, dans les colonnes de nos confrères. Actuellement, le taux de pression hospitalière s’élèverait à 152 % en Ile-de-France.

Une activité (trop) intense qui a fini par avoir raison des internes franciliens. Ballotée par de longs mois de crise sanitaire, la force ouvrière des hôpitaux d’Ile-de-France est à bout de souffle. D’après l’ISNI, le temps de travail des internes français flirterait régulièrement avec les 100h par semaine. Et le vice-président du SIPH de préciser à nos confrères du Quotidien du Médecin que « le dernier semestre a été d’une rudesse particulière ». « Contrairement à la première vague, qui a duré 2 ou 3 mois, nous subissons depuis plus de 6 mois », précise Alexandre Brudon.

Après avoir longtemps été monopolisés par la Covid, les internes espèrent également qu’en s’éloignant de la capitale leur formation s’étoffera d’une autre gamme de patients. « C’est redondant de suivre des malades qui ont toujours la même pathologie », livre au quotidien du soir Yannis Guyonvarch, 27 ans, qui a passé les six derniers mois à la Pitié-Salpêtrière (AP-HP). « J’ai besoin de me former à la greffe hépatique, à la chirurgie digestive, vasculaire, aux patients polytraumatisés… Le Covid a pris le pas sur toutes les autres pathologies, il n’y a plus cet apprentissage », ajoute-t-il. Bien loin d’être la seule région malmenée par la crise sanitaire, l’Ile-de-France semble d’ailleurs être, pour l’heure, le seul théâtre d’un tel phénomène. 

Une situation observée de loin par les autorités qui ont envisagé un temps de prolonger d’un mois le stage des internes afin de les contraindre à rester dans leur service. Cette option, ayant provoqué de l’inquiétude dans les rangs des internes, a pourtant été écartée. 

L'AP-HP en disgrâce ? La rédaction de What's up Doc en parle avec les anesth' réa Adrien Bouglé, Emmanuelle Dolla, Constance Bougnoux et Ghita Ayach. Découvrez leurs témoignages

 

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