Psychiatrie : Agnès Buzyn annonce 40 millions de plus et un renfort de la pédopsy

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Présente au congrès de l’Encéphale, la ministre a annoncé des mesures destinées à soulager la psychiatrie publique, avec notamment une rallonge budgétaire de 40 millions d’euros par rapport aux 60 millions annoncés dans le plan Ma Santé 2022. Un coup de pouce modeste mais apprécié.

Psychiatrie : Agnès Buzyn annonce 40 millions de plus et un renfort de la pédopsy

Le geste a été apprécié. Présente l’année dernière à l’Encéphale, Agnès Buzyn est revenue pour l’édition 2019 du congrès de la psychiatrie française, afin de témoigner de sa sollicitude aux psychiatres et annoncer quelques mesures. « Nous faisons depuis quelques semaines l’épreuve du réel », a-t-elle commencé, s’attirant quelques murmures approbateurs dans la salle. Avant d’entrer dans le vif du sujet.

Le vif du sujet, ce sont bien sûr les gros sous. Les 50 millions d’euros supplémentaires alloués à la psychiatrie en 2018 seront bien pérennisés, et la ministre a également confirmé la création  d’un fonds d’innovation en psychiatrie, doté d’un budget annuel de 10 millions d’euros. Et pour l’occasion, la ministre de la Santé a sorti 40 millions d’euros supplémentaires de son escarcelle, afin d’aider à la mise en œuvre de la feuille de route psychiatrie et santé mentale.

Mais c’est surtout sur la pédopsychiatrie qu'elle a décidé de concentrer ses efforts. En 2019 seront créées 10 postes de chef de clinique, qui viennent s’ajouter aux 10 créés l’année dernière (pour un total de 68). Six postes hospitalo-universitaires seront aussi instaurés, ce qui porte leur nombre à 47. La ministre s’est enfin engagée à « renforcer les capacités d’accueil » de pédopsychiatrie dans les départements les plus sinistrés, sans plus de précision.

Un « Monsieur Psychiatrie » avenue Duquesne

Autre nouveauté : un poste de délégué ministériel à la psychiatrie et à la santé mentale sera installé avenu Duquesne. La personnalité qui l’occupera – encore inconnue – aura la lourde tâche de « piloter au plus près » la feuille de route de la psychiatrie et de la « porter sur les territoires ».

Une mission sur l’évolution des centres médico-psychologiques (CMP) sera également lancée, afin d’améliorer la coordination avec les médecins généralistes et les hôpitaux. Enfin, la première formation d’infirmières de pratique avancée (IPA) en psychiatrie devrait ouvrir ses portes en septembre 2019, pour une première promotion attendue en 2021.

Un modeste coup de pouce

Interrogé à la sortie du congrès, le Pr Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie de Mondor, reconnaît « une volonté d’analyser les problèmes et de proposer des choses constructives à long terme » et se félicite du « petit coup de pouce » des 100 millions d’euros. Mais il ne voit là rien de nature à régler les problèmes de fond de la psychiatrie publique, ce qui demanderait notamment des fonds dépassant de loin la marge de manœuvre actuelle de l’avenue Duquesne.

Antoine Pelissolo est l’initiateur d’un courrier de 120 psychiatres à Agnès Buzyn, qui dénonce la captation des dotations annuelles de financement (DAF) de la psychiatrie : en tension, certains hôpitaux tendent à ponctionner une part de ce budget. Mais aucune réponse n’a été fournie par la ministre sur ce point. « Il y a une négation du problème », estime le patron de Mondor, pour qui « il faudrait obliger les établissements à donner une visibilité ».

C'est mieux que si c'était pire

Rachel Bocher, présidente de l’Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH), s’agace de découvrir des mesures « non concertées » avec les syndicats. « Le financement n’est à la hauteur ni des besoins ni des promesses », tranche la psychiatre nantaise, qui note aussi l’absence de mesures sur l’attractivité des carrières. « Dans mon service, cette année, 5 médecins sur 10 sont partis dans le privé.» Seule la création du poste de délégué ministériel trouve grâce à ses yeux.

Du côté du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH), on est un peu plus enthousiaste. Marie-José Cortes, chef  de  pôle à Mantes-la-Jolie et secrétaire générale du SPH, salue l’attention portée aux parcours de soins en psychiatrie et la création du poste de délégué. Mais elle note que la psychiatrie nécessite des fonds « qui se compte en milliards » pour espérer mener à bien ses missions, à commencer par l’accès aux soins.

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