#Protègetoninterne : Un hommage en silence, et un cri d’alerte

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Devant le ministère de la Santé ce 17 avril, une quarantaine de personnes se sont rassemblées pour rendre hommage aux internes qui se sont suicidés en 2021. L’objectif ? Commémorer, mais également dénoncer les conditions de travail des internes.

#Protègetoninterne : Un hommage en silence, et un cri d’alerte

Ils étaient une quarantaine à s’être rassemblés devant le Ministère de la Santé, ce samedi 17 avril. Familles, internes, représentants des villes de Strasbourg, Grenoble ou encore Montpellier… Tous ont répondu présents à l’appel de l’ISNI qui souhaitait rendre hommage aux cinq internes qui se sont suicidés depuis le 1er janvier. Une vibrante commémoration qui s’inscrit dans le cadre de la campagne de sensibilisation #Protègetoninterne initiée par l’ISNI il y a plusieurs semaines. « Tous les dix-huit jours, nous avons un interne qui meurt », rappelle Gaëtan Casanova, président du syndicat.

 

 

Pour lui, pas de doute : si ces données restent parcellaires, elles tendent à s’aggraver année après année. « Actuellement, la fréquence est élevée ; plus élevée que les années d’avant », assure Gaëtan Casanova. En 2017 déjà, l’enquête de son syndicat sur la Santé Mentale alertait sur le risque suicidaire des internes, trois fois plus élevé que dans la population générale. « 3,8 % soit 738 jeunes médecins déclaraient avoir fait une tentative de suicide », écrit l’ISNI dans un communiqué. Des statistiques affolantes auxquelles l’intersyndicale a souhaité donner un visage lors de cet hommage. « Le centre de ce sujet, ce sont les familles meurtries de souffrances qui ne s’arrêteront jamais », déplore le Président.

Malgré cette situation alarmante, le Ministère de la Santé a pourtant choisi la voie du silence, dénonce Gaëtan Casanova. « Nous n’avons pas choisi de rendre cet hommage devant le ministère au hasard », commente-t-il, qualifiant l’absence de réaction d’Olivier Véran de « meurtrière ». Deux jours auparavant pourtant, son syndicat, ainsi qu’une ribambelle d’autres, étaient reçus dans les locaux du ministre. « Il n’y a rien qui est sorti de cet échange, à part de l’enfumage, assure le Président. Olivier Véran nous a simplement indiqué que d’ici à la fin de l’été une étude statistique permettant d’évaluer la situation allait être menée ». Aussi pertinente que soit cette proposition, elle s’inscrit dans un temps long qui ne se conjugue pas avec l’urgence de la situation. « Aujourd’hui, nous avons cinq internes qui ont mis fin à leurs jours. D’ici à la fin de l’été - soit cinq mois, c’est dix suicides », prédit le Président.

Épuisement professionnel, d’abord. Puis, harcèlement et violences à l’hôpital… Les causes du mal-être des internes ont depuis longtemps été diagnostiquées. « Ce que nous demandons au ministre, c’est de faire respecter la loi de la République Française. », commente le syndicaliste, qui rappelle que le droit européen demande à ce que l’employeur veille à ce que ses salariés ne travaillent pas au dessus de 48h par semaine. « Et ce n’est pas des primes qui vont changer les choses. Ce n’est pas ça qui fait que les gens se tuent », poursuit-il.

« Ce qui va changer les choses », selon lui, c’est d’abord une prise de décision forte de la part du ministère de la Santé. « Une décision politique doit parfois précéder le changement culturel », indique Gaëtan Casanova. Une conviction qu’il illustre en martelant la nécessité de mettre en place le décompte horaire du temps de travail des internes. « C’est ça l’urgence absolue pour éviter l’épuisement », assure Gaëtan Casanova. Et son syndicat d’argumenter dans un communiqué :

Travailler beaucoup nous nous y engageons tous les jours, travailler trop c’est transformer un hôpital qui soigne en un hôpital qui tue

Un cheval de bataille qui s’accompagne également de revendications fortes concernant la lutte contre les violences à l’hôpital. « Signalement des délits et des crimes à la justice, mise en place de mesures conservatoires immédiates en cas de maltraitance, mise en place d’une cellule indépendance de signalement et de traitement des violences », énumère l’ISNI. Et Gaëtan Casanova de commenter : « Le harcèlement est surtout réalisé par la hiérarchie. Et aujourd’hui, elle a tout pouvoir sur l’évolution de votre carrière. La réalité, c’est ça ».

Si lors de cet hommage les larmes ont certainement coulé, espérons qu'elles seront bientôt lavées par une vague de changement.

Source:

ISNI - Dossier de presse #Protègetoninterne

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