Propos sur les médecins : commençons par Pétrarque

Article Article

Que les médecins soient des figures qui puissent cristalliser l’admiration ou la haine, l’emballement médiatique suscité par Didier Raoult l’a bien montré. L’occasion de faire une petite remontée dans le temps pour voir se succéder blâmes et éloges des carabins. Nous commençons cette série au XIVsiècle avec Pétrarque qui, s’il est tendre avec sa muse Laure*, est implacable contre les mauvais médecins.

Propos sur les médecins : commençons par Pétrarque

Désireux de mettre un peu d’animation à sa cour, le pape Clément VI attise une querelle entre Pétrarque et l’un de ses médecins. L’humaniste italien réagit au quart de tour. Entre 1352 et 1353, il rédige de cinglantes Invectives contre un médecin. Il répète bien souvent qu’il n’attaque en aucun cas la médecine mais l’ignorance d’un mauvais praticien qui ne connaît pas ses classiques. Cependant, il ressort tout de même l’idée que le pouvoir du médecin repose plus souvent sur sa maîtrise du langage que sur une connaissance solidement fondée du corps. Le conseil formulé était donc le suivant : « Parlez moins, lisez plus ». Mais encore faut-il être capable de comprendre Hippocrate, Galien ou Pline ainsi que le dit vertement Pétrarque, qui n’aime guère qu’on l’attaque : « Tu m’as mis dans le même sac que Pline, que, si tu étais en mesure de le comprendre, on devrait t’exhorter à lire en t’examinant toi-même à la lumière de ce miroir pour corriger ton infamie et mettre fin à ton orgueil ». Abnégation, humilité, travail et parole rare, tel est le portrait idéal qui se dessine en creux dans les Invectives. Pas tout à fait Didier Raoult semble-t-il.

 

*« Laure de Sade (1310-1348), dite aussi Laure de Noves »

 

 

Source:

Pétrarque, Invectives, édition établie par Rebecca Lenoir, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2003.

Les gros dossiers

+ De gros dossiers