Pr Pierre Marty : « Traiter et guérir un patient avec des moyens simples me procure toujours une grande satisfaction »

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Pierre Marty, 69 ans, Professeur en parasitologie/mycologie nous dit tout. Retraité de sa chefferie de service du CHU de Nice, il continue à consulter et enseigner. Il a passé sa vie à regarder les petites bêtes au microscope et à voyager. Pour nous, il revient sur ses Premières et dernières fois...

Pr Pierre Marty : « Traiter et guérir un patient avec des moyens simples me procure toujours une grande satisfaction »

© DR. 

La première fois où…

...vous avez voulu être médecin ?

Je suis rentré d’Algérie avec ma famille en 1962. Nous nous sommes installés à Nice. Mon père, chirurgien-gynécologue, et un petit groupe de médecins pieds-noirs ont construit une clinique et milité pour la création de la faculté de médecine, en 1968. J’ai fait partie de la 4e promo. J’étais très attiré par les sciences naturelles et par la géographie et n’ai pas choisi la voie de mon père, mais ma femme lui a succédé à son cabinet.   

…vous avez appris votre métier ?

J’ai eu la chance de faire mon service militaire comme coopérant au Cameroun, avec ma femme. Nous avons exercé la médecine dans un hôpital de brousse, confrontés à des maladies graves, avec peu de moyens, examinant des patients émettant des vers par la bouche et l’anus. Sans échographe, contraint à des laparotomies, j’ai dû me servir de ma tête et de mes mains. Et découvert l’importance du colloque singulier patient/médecin.

…vous avez dépisté un parasite ? 

Ma femme ramenait de son dispensaire, à quelques heures de piste, des patients complexes. Comme cet homme présentant des nodules sous la peau. Après biopsie, je découvre des larves de ver. Une spectaculaire et rare cysticercose, décelée grâce à la médecine clinique et microscopique. Elle a mise en évidence un foyer de cette maladie, dans un lieu reculé du Cameroun où les gens mangeaient de la viande mal cuite de porcs, lesquels se nourrissaient d’excréments humains.

Je poursuis une activité de consultation de conseils aux voyageurs et de bilans de retour

…vous avez été ému ?

Un petit de deux ans présentait un tableau évoquant une leucémie que la ponction de moëlle osseuse n’a pas confirmé. Annoncer à ses parents qu’il s’agissait d’une leishmaniose viscérale - maladie parasitaire dont je suis spécialiste- et non une leucémie, a été un grand moment de joie…qui s’est répété.

Et la dernière fois où...

...vous avez été touché ?

Je poursuis une activité de consultation de conseils aux voyageurs et de bilans de retour. J’ai reçu récemment une personne revenant du Cameroun, après plusieurs années. Elle se plaignait de démangeaisons et avait fréquenté la forêt primaire camerounaise où elle avait attrapé un vers, transmis par piqûre de moucherons. Confirmer un diagnostic de maladie rare avec des moyens simples -une prise de sang- traiter le patient et le guérir, me procure toujours une grande satisfaction. 

https://www.whatsupdoc-lemag.fr/article/ses-premieres-et-dernieres-fois

...vous avez voulu arrêter médecine ?

Il existe peu de spécialistes de médecine tropicale, une discipline appelée autrefois médecine coloniale, que l’on apprend sur le terrain, qui est également politique et sociale et toujours en mouvement face aux virus émergents. Cela me passionne.   

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