Pesticides et maladies professionnelles : la reconnaissance avance

Article Article

Les tumeurs cérébrales de deux agriculteurs ont été reconnues juridiquement comme des maladies professionnelles. Les familles des victimes décédées y voient une avancée et un soulagement.

Pesticides et maladies professionnelles : la reconnaissance avance

La science pour faire évoluer la justice. Alors que des données épidémiologiques montrent un lien entre le développement de tumeurs cérébrales rares et l’utilisation de certains pesticides, cela a permis la reconnaissance de ces pathologies comme maladies professionnelles.
 
Le verdict a été vécu comme un soulagement pour les veuves des victimes. « Il était conscient de la dangerosité de ces produits mais il se faisait un devoir de le faire. C'était sa religion : que le travail soit bien fait », raconte l’une d’elles, interrogée par l’AFP. Son mari est décédé à l’âge de 69 ans d’une tumeur cérébrale. Cette reconnaissance lui permettra de toucher une rente annuelle de 7 000 euros, un soulagement pour celle qui devait « demander de l’argent à (ses) filles (et) faire attention pour s’acheter à manger ».

En février 2020, c’est le comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) de Nantes, composé de trois médecins qui a établi un « lien direct et essentiel » entre la maladie et l’activité professionnelle de son conjoint. La deuxième veuve a quant à elle dû saisir le tribunal pour voir le glioblastome de son mari reconnu comme maladie professionnelle. Le TGI de Rennes lui a donné raison en décembre dernier.

« La Mutualité sociale agricole (MSA), qui traite les dossiers, a dénombré "12 cas de tumeurs malignes de l'encéphale ayant fait l'objet d'un passage en CRRMP" entre 2014 et 2020, la plupart du temps sans aboutir, selon une porte-parole, qui rappelle qu'un rapport de l'Inserm de 2013 avait relevé "un niveau de preuve limité" quant au lien entre pesticides et tumeurs cérébrales », explique l’AFP. Mais aujourd’hui, ces procédures de reconnaissances semblent avoir un avenir, notamment grâce au travail de la la cohorte Agrican, qui inclut 180.000 participants affiliés à la MSA.
 
Pour rappel, une étude vient également d’établir un lien entre pesticides à fortes doses et leucémie myéloïde aiguë, dans l’espoir de faire reconnaître cette pathologie comme maladie professionnelle.
 

Les gros dossiers

+ De gros dossiers