Partage de midi

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Les résidents d'un EHPAD se voient contraints de partager leur réfectoire avec les enfants de l'école voisine, pour cause d'insalubrité temporaire. Passée une période de contestation orchestrée par Yannick, aide-soignant rebelle mais au coeur tendre, les deux univers vont réussir à se rencontrer, au-delà de toute attente. Critique de "Quand tu seras grand" de Andrea Bescond et Eric Métayer (sortie le 26 avril 2023). 

Partage de midi

A partir d'une idée de départ alléchante, le duo à l'origine des Chatouilles rate singulièrement son deuxième film. 

Qu'ont bien pu vouloir nous dire Andrea Bescond et Eric Métayer avec cet objet filmique difficilement identifiable ? Trop ou pas assez, difficile d'avoir la réponse. Dans tous les cas, une chose est sûre : ils n'y ont pas réussi. Trop d'intentions se téléscopent dans cette oeuvre aux allures de téléfilm amateur, qui cumule les approximations scénaristiques - les scènes s'enchaînent sans réel liant, certaines comme l'introduction sont totalement expédiées, d'autres semblent sorties de nulle part comme cette invraisemblable course-poursuite de nuit - et les maladresses techniques - filmer les visages à contre-jour de façon récurrente, de surcroît dans des scènes de comédie, est assez contre-intuitif. 

A partir d'un sujet mainstream, le quotidien d'une maison de retraite où cohabitent constamment la violence situationnelle et les éclats de vie qui malgré tout en résultent, le duo avait pourtant le choix. Alors que s'amorce une intrigue proche de la screwball comedy - une guéguerre entre un aide-soignant et une animatrice scolaire qui après s'être cherchés vont peu à peu se rapprocher -, que l'on devine que les réalisateurs souhaiteraient s'aventurer vers des territoires plus dramatiques - les souffrances de l'enfance et du grand âge, la pressurisation et le mal-être des équipes soignantes - le film bifurque vers une improbable histoire d'amitié intergénérationnelle et une conclusion artificielle. C'est bien la réalisation, au sens premier du terme, qui pèche constamment, et qui du coup empêche que l'on croie en quoi que ce soit. Les acteurs, laissés sans direction, cohabitent sans réellement interagir - ce qui va à l'encontre du message de mixité véhiculé au forceps - et semblent parfois totalement perdus. Comme dans cette scène-clé où Vincent Macaigne s'effondre - de dos - et laisse ainsi une Aïssa Maïga livrée, dans un état proche de l'hébétude, à la caméra. 

Le plus frustrant, au final, est que l'on attendait beaucoup plus avec un tel matériau de départ et de la part d'une personnalité si prompte à pointer les défaillances de notre système. Et il y avait matière. Mais le manque de rigueur et de recul face à l’impériosité scénaristique dans laquelle les réalisateurs semblent piégés les conduit souvent à passer à côté de situations pourtant au cœur de leurs préoccupations: l’identification et la prévention des violences, souvent banalisées voire carrément invisibilisées - les blessures que s'inflige un enfant manifestement en souffrance autant que des allégations de maltraitance sur personne vulnérable ne seront ainsi jamais interrogées, ni explorées. Un comble. 

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