« Nous mettons en avant les initiatives santé portée par des femmes, elles sont trop discrètes »

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Premier collectif pluriprofessionnel de femmes travaillant dans le secteur de la santé, Femmes de santé veut donner de la visibilité aux femmes portant des initiatives d’utilité publique. Alice de Maximy, l’une de ses fondatrices, raconte l’aventure de ce collectif qui compte aujourd’hui 2400 membres, parmi lesquels 25% de professionnelles de santé.  

 « Nous mettons en avant les initiatives santé portée par des femmes, elles sont trop discrètes »

© Linkedin

What’s up Doc : Dans quel esprit ce collectif a-t-il été créé ?
Alice de Maximy :
Je viens de la santé publique -j’ai travaillé à l’INPES (aujourd’hui Santé publique France), au sein d’ARS et à la Commission européenne – et ai été élevée dans le respect de la santé publique et de l’intérêt général. Ce sont les fondements de la start-up que j’ai créée. On me dit souvent « Tu fais de la santé publique alors que tu es dans le secteur privé » ; je réponds que « ce n’est pas faux mais que le secteur public ne le fait pas ! » J’ai quitté ces fonctions pour créer une App, hkind, qui permet de partager les bonnes initiatives et solutions du secteur santé entre tous : patients, aidants et professionnels de santé, qu’ils viennent du public ou du privé. Je pense que la santé publique ne se fait pas uniquement de manière descendante, par le biais de l’Etat ; elle se fait par les gens ! Notre objectif est de faire avancer la santé par le collectif et construire un système de santé plus juste et égalitaire.

Le CSA a épinglé le secteur santé en 2020, il n’y a que 21% de femmes parmi les experts en santé à l’antenne

A quel point les femmes du secteur santé sont-elles peu visibles ?  
AM. :
En créant ce projet, je me suis rendu compte que lorsqu’une initiative était portée par une femme, elle n’osait pas la mettre en avant, beaucoup moins que les hommes. Le CSA a d’ailleurs épinglé le secteur santé sur ce point en 2020, en signalant qu’il n’y avait que 21% de femmes parmi les experts en santé à l’antenne. Ca ne va pas, surtout que les femmes dans la santé représentent au moins la moitié des effectifs voire plus. D’où notre idée de mettre en avant des femmes qui portent des initiatives d’utilité publique en santé. Depuis la création du collectif, je constate que davantage d’entreprises ou institutions dans le champ de la santé se posent la question de la parité et nous consultent à ce sujet. C’est un point très positif.  
 

Comment mettez-vous en lumière les actions de ces femmes expertes ?
AM. :
Chaque année depuis la création du collectif en 2019, nous organisons la cérémonie Les 13 pour mettre en lumière 13 femmes qui ont réalisé des initiatives de santé utiles et humaines. Ces femmes sont nominées par les membres du collectif et sélectionnées par un comité d’organisation pour l’utilité de leur initiative en santé. On produit un film qui promeut leur action et pour certaines, cela débouche sur des financements pour leur projet. Lors de la dernière édition nous avons salué par exemple la création d’un Institut de médecine de précision en psychiatrie par le Pr Marion Leboyer, le dispositif infirmier de suivi post-ambulatoire à domicile de Frédérique Forestier, l’opération « Janvier Sobre » lancée par Laurence Flipo-Cottet, l’intégration d’une patiente partenaire dans une équipe d’oncologie par Sabine Dutheil ou encore le Dr Béatrice Carton pour son investissement au sein de l’Association des professionnels de santé exerçant en prison.

Nous organisons les premiers Etats généraux de la place des femmes dans la santé, afin de tendre vers une plus grande égalité des genres

Quelles sont vos autres actions ?
AM. :
Nous diffusons l’expertise de ces femmes via des podcasts et des publications dans des revues. Nous tenons à jour une liste d’expertes prêtes à intervenir sur les plateaux audiovisuels et dans des tables rondes sur des sujets santé, afin qu’elles soient plus présentes dans l’espace médiatique. Nous avons aussi rédigé une charte d’engagement qui a été signée par de nombreux médias et entreprises du secteur de la santé. Nous organisons aussi les premiers Etats généraux de la place des femmes dans la santé afin de tendre vers une plus grande égalité des genres.

 

Qui sont vos membres actuels et comment le devient-on ?
AM. :
Parmi nos 2 400 membres, il y a tous types de profils : médecins, infirmières, dirigeantes, patientes expertes, aidantes, cadres de santé, étudiantes, start-uppeuses, pharmaciennes, avocates, consultantes, secrétaires médicales ou psychologues. Nous comptons aussi une cinquantaine d’hommes parmi nos membres ! Ils viennent de tous les secteurs de la santé : du public, du privé, du milieu associatif, administratif, des hôpitaux, des entreprises, etc…
Pour devenir membre, il suffit de répondre à un questionnaire de candidature en ligne, d’être marrainée, et vous saurez rapidement si votre candidature est retenue. Une participation financière de 7 ou 17€ HT/mois vous est demandée en fonction de votre engagement. Nous espérons avoir bientôt davantage de jeunes médecins intéressés par les questions de santé publique.

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