« Nous avons créé une appli pour diminuer le nombre des annulations d’opérations de dernière minute au bloc »

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Ivimed, ce sont deux amis d’enfance qui se sont associés pour créer une solution numérique qui permet de gagner du temps administratif tout en informant de manière efficace le patient. L’un est médecin anesthésiste, l’autre est dans le cinéma d’animation. Rencontre avec Alexandre Puret et Mathieu Barbe.

« Nous avons créé une appli pour diminuer le nombre des annulations d’opérations de dernière minute au bloc »

Alexandre Puret et Mathieu Barbe, fondateurs d'Ivimed. 

What's up doc : Quel est le principe de votre application Ivimed ?

Alexandre Puret : Nous avons développé une solution numérique à destination des médecins sur l’information aux patients et le suivi à distance des patients dans le but d’optimiser le parcours du patient et de diminuer le nombre d’annulations de dernière minute au bloc opératoire.  

Comment cette application fonctionne-t-elle ?

Mathieu Barbe : Les médecins et le patient ont accès à notre application. Le patient lors de sa consultation prend rendez-vous. Le médecin programme une opération, qui se met dans l’application et à partir de ce moment-là le patient peut y ajouter les documents et reçoit une vidéo d’animation de 2 minutes qui lui explique l’entièreté de son parcours de l’anesthésie à l’opération.

Cela fonctionne avec des mails et des notifications. Le patient reçoit des notifications avec les prérequis : être à jeun, ne pas porter de bijoux… Il peut aussi y mettre des documents comme des ordonnances, des consentements éclairés… Ainsi quand il arrive à l’hôpital, son dossier est complet sur l’application, il peut rapidement aller au bloc opératoire.

Cette application se substitut-elle à toute la paperasse habituelle ?  

AP. : Exactement. Toute la partie qui se fait via des feuilles volantes est numérisée sur notre solution, via des serveurs qui sont sécurisés et accrédités Santé, afin qu’il n’y ait pas une perte de données. Tous les documents peuvent être suivis à distance par le médecin ou la secrétaire.

Notre but était de voir si les niveaux d’information et d’anxiété étaient diminués via cette vidéo. Cela a prouvé que nous avions un taux de 90% auprès des patients.

D’où vous est venue cette idée ?

AP. : C’est au cours de mes études d’interne en anesthésie-réanimation que j’ai été confronté au problème des désistement d’opération. Les temps de consultation sont très courts : 15 minutes. Sur ce temps nous devons récupérer tous les documents, informer le patient sur l’opération. Le patient ressort avec 10 ou 20 % de ce qu’on lui a expliqué pendant ces 15 minutes. Et à l’arrivée au bloc opératoire le patient a oublié tout ce qu’on a évoqué. Il arrive stressé par manque d’informations. C’est là, que nous est venue cette idée de vidéo d’explication avec Mathieu Barbe. Nous l’avons testée sur une première étude clinique de 200 patients dans le cadre de ma thèse en 2021. Notre but était de voir si les niveaux d’information et d’anxiété étaient diminués via cette vidéo. Cela a prouvé que nous avions un taux de 90% auprès des patients. Cela nous a poussés à continuer de développer et étoffer notre application. En ce qui concerne le taux d’annulation, on a eu quelques chiffres sur un hôpital, qui fait à peu près 40 000 interventions par an. Il y a autour des 10 % d’annulations qui sont dues à des défauts de préparation et d’information du patient. Ce qui représente autour des 5 000 interventions annulées par an.  

Quelles sont les différentes étapes pour passer d’une idée au développement d’une application, quand on est médecin ?

MB. : Nous sommes passés par un incubateur : Normandie incubation. Nous avons créé une société, une start-up. Nous avons aussi pris un prestataire de service qui se charge de tout ce qui est développement et structure. Nous, nous nous chargeons de tout ce qui est création de contenus, création de vidéos.

Quel est le coût financier et en temps passé ?

AP. : En termes de coût financier, c’est difficile de chiffrer mais je dirais autour d’une dizaine de milliers d’euros. Et nous allons encore avoir besoin de fonds pour encore développer notre projet. Nous sommes tous les jours dessus, mais sinon c’est 4 heures de travail, les jours où je suis en repos et les week-ends.

MB. : J’y consacre tous mes vendredis. Je travaille avec Alex sur le storyboarding des opérations en bloc opératoire, pour qu’elles soient synthétiques et didactiques pour le patient.

Quels conseils donneriez-vous à un médecin qui a une idée d’application et qui veut se lancer ?

AP. : Il faut essayer, si l’on pense que l’idée est bonne et bénéfique pour le patient, pour le médecin, et qu’elle apporte quelque chose. C’est le meilleur moyen de savoir si elle est viable.

Avez-vous des retours des usagers et des médecins ?

AP. : Les médecins sont contents, toute la partie information est prise en charge et les patients sont satisfaits.

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Avez-vous déjà développé votre solution dans des CHU ?

AP. : Nous avons un contrat avec le CHU de Caen et plusieurs accords de principe avec d’autres hôpitaux en Normandie.  Nous comptons la développer au niveau national courant 2023.

Comment voyez-vous l’évolution de votre application ?

AP. : Notre but est de toucher toutes les spécialités chirurgicales et d’anesthésie, qu’elle puisse être utilisée par tous.

MB. : Nous voulons étoffer nos vidéos et mettre en place un système de signature numérique. Pour l’instant nous avons un système de scan et nous aimerions que toute l’application face office de passeport.

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