Non les internes de médecine générale ne veulent pas de 4e année imposée en zone sous dense

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Le projet de loi va être débattu au parlement à partir d’aujourd’hui, dans le projet de loi de financement de la sécu pour 2023. Les internes la redoutaient et elle débarque quand même cette quatrième année d’internat dans les déserts médicaux.

Non les internes de médecine générale ne veulent pas de 4e année imposée en zone sous dense

© Istock

C’est un communiqué envoyé par le ministère hier, dimanche, qui l’a annoncé clairement : « Le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et le ministère de la Santé et de la Prévention annoncent conjointement que le Gouvernement va proposer au Parlement dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023, l’ajout d’une quatrième année au diplôme d’études spécialisées de médecine générale (internat), conformément aux engagements pris par le Président de la République. »

Le communiqué explique ensuite «qu’aujourd’hui, la médecine générale est la seule spécialité médicale à n’avoir que trois années d’internat, sans la phase de consolidation qui définit le statut dit de « docteur junior », au cours de laquelle les futurs praticiens peuvent exercer en autonomie supervisée. Cette absence de phase de consolidation est considérée comme une faiblesse, qui ne favorise pas une installation immédiate en sortie de cursus. »

"Cette quatrième année supplémentaire sera encouragée dans les territoires les moins pourvus en médecins généralistes"

Et donc ce choix est justifié par « un véritable projet pédagogique qui permettra, durant cette année supplémentaire d’internat, d’accompagner les futurs médecins à leur installation rapide. » Bien entendu, « la réalisation de cette année supplémentaire de troisième cycle, réalisée en ambulatoire sous la supervision de Maîtres de Stages Universitaires, sera encouragée dans les territoires les moins pourvus en médecins généralistes. »

Et pour organiser la mise en place à la rentrée universitaire 2023, la mission est confiée « à la Professeure Bach-Nga Pham, doyenne de la Faculté de médecine de Reims et ancienne vice-présidente de la Conférence des doyens de médecine, au Professeur Stéphane Oustric, président du Conseil de l'ordre des médecins de Haute-Garonne, à la Docteure Mathilde Renker, ancienne présidente de l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes en médecine générale (l'ISNAR-IMG), et au Professeur Olivier Saint-Lary, président du Collège National des Généralistes Enseignants. »

Interrogé par Franceinfo, François Braun, a précisé son propos. Par exemple sur l’installation en zone sous dense, « cela reste une incitation, je ne souhaite pas que ce soit une obligation, et dans les zones les plus difficiles que sont les déserts médicaux, on ne va pas envoyer les jeunes recrues qui sont entre guillemets, pas du tout formés au combat".

"Nous appelons tous les internes en médecine générale actuels et futurs à se tenir prêts à une mobilisation nationale"

Les réactions des syndicats étudiant n'ont pas traîné. L’ISNAR-IMG a immédiatement réagi. « Décidée en 2017 lors de la réforme du troisième cycle des études de médecine, cette quatrième année d’internat n’a jamais été demandée par les étudiant.es. (…) Elle est présentée comme une réponse aux difficultés d’accès aux soins

dans les zones sous-denses. (…) Nous nous opposons fermement à l’obligation de réaliser cette 4ème  année en ZoneSous-Dense, il s’agit ni plus ni moins qu’un déguisement pour une année d’exploitation supplémentaire des internes. Dans tous les cas, il est inacceptable de faire peser les difficultés d’accès aux soins sur des internes encore en formation ! Nous appelons tous les internes de Médecine Générale actuel.les et futur.es à se tenir prêt.es à une mobilisation nationale. »

"La mesure doit être ôtée et les concertations entamées avant toute exécution"

L’Anemf aussi est vent debout : « Étudiants oubliés, formation délaissée, mesure précipitée : la quatrième année est imposée sans être justifiée. À l'aube d’un Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale avec une régulation à l’installation en filigrane, le Ministère de la Santé et de la Prévention et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche imposent l’ajout d’une quatrième année au DES de médecine générale et annoncent le lancement d’une mission à la finalité incertaine. La méthode est intolérable. (…) Nos demandes sont claires. Nos demandes sont fermes.

Nos demandes sont celles des étudiants, celles des médecins de demain. Nous sommes contre une quatrième année de médecine générale quand les objectifs premiers sont oubliés : nous former. Nous sommes contre quand nous n’avons aucune garantie sur l’encadrement, sur la formation, sur la rémunération, sur la continuité des soins pour les patients, sur son application sécuritaire et pérenne pour des étudiants qui subissent des réformes précipitées. La mesure doit être ôtée du PLFSS, et les concertations entamées avant toute exécution. » Le début d’un bras de fer

 

 

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